vendredi 20 juin 2014

Imagination et gratuité


"Parce que l’imagination, c’est le départ de la compréhension. […] Avec un peu d’imagination, vous pouvez vous mettre à la place de quelqu’un d’autre et penser : "Tiens, il avait l’air bizarre ce soir, si je téléphonais ?". Il peut arriver que justement ce soir-là il s’apprêtait à prendre trop de somnifères et que votre coup de téléphone l’eût arrêté. Il est possible aussi qu’il était de très bonne humeur et que votre appel l’eût dérangé. Là, vous auriez eu l’air ridicule. Mais je me moque bien d’être ridicule. Je n’ai plus quatorze ans. L’imagination dépasse le respect humain. L’imagination, c’est la grande vertu, parce qu’elle agit sur tout, la tête, le cœur, l’intelligence. Sans imagination, tout est perdu. C’est une vertu qui devient rare. Surtout dans sa forme exacerbée qui est la gratuité. Gaiement et follement, la gratuité."


"La gratuité a disparu de nos mœurs, malheureusement. On trouve de moins en moins de gens disposés à agir « pour rien », à accomplir un acte désintéressé, un acte pur – un de ceux qui ont pourtant un énorme pouvoir. La France traverse une période de terrible vulgarité louisphilipparde, tout y est corrompu par l’argent, il n’y a plus d’élégance morale. Dans les milieux où je vais parfois, il n’y a que trois sujets de conversation : la vie privée d’abord (qui couche avec qui), la grande politique vue à travers les petits intérêts (la dernière parole du Président va faire baisser nos affaires), et la vantardise (j’ai récemment ridiculisé monsieur Untel). Bref, c’est la grossièreté."

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