Merci, Florence, d'avoir présenté cet album de 1973 car je ne me souvenais plus de l'année, qui est celle où je suis allé voir un récital de Guy Béart (et où il m'a précisément dédicacé cet album-là, qui venait de sortir) : ça me permet de retrouver l'âge que j'avais à l'époque…
Age qui était le même que le mien, je crois bien ! Je me souviens très bien de l'année 1973 car c'est celle où je suis arrivée à Rouen. Et c'est là, enfin tout près, au Théâtre Maxime Gorki de Petit-Quevilly, que trois ou quatre années plus tard j'ai moi aussi assisté à un concert de Guy Béart...
Je ne connaissais pas cet album (ni la belle photo pluvieuse de sa pochette), ayant découvert et appris à aimer Guy Béart sur le tard, bien des années après vous, chère Florence & cher George.
Parmi les chansons mineures de Guy Béart, ne figurant pas sur les compiles telles que ces Chansons d'avant-hier et d'après-deamain, il en est une, Fille d'aujourd'hui, datant de 1962, qui présente la particularité d'avoir été mise en images d'une manière qui me semble vraiment très dynamique et moderne pour l'époque. On peut regarder en ligne ce clip avant la lettre. J'ai longtemps pensé qu'il devait s'agir d'un des premiers scopitones (sachant que beaucoup ont été réalisés, anonymement, par un cinéaste débutant nommé Claude Lelouch). En fait non: un documentaliste spécialisé dans la chanson, avec qui j'ai eu la chance de travailler et à qui j'ai posé la question m'a indiqué, après une rapide recherche, que c'est Guy Béart lui-même qui a réalisé ce petit film pour la télévision française. Cela explique la manière amoureuse et sensuelle de filmer, au long de ces trois minutes, un jeune mannequin nommée Geneviève Galéa -- qui n'est autre que la mère d'Emmanuelle Béart, née l'année d'après…
Merci pour ce joli pré-clip et ces précisions, cher Anonyme mélancolique, mais cela me rappelle une interrogation que nous nous fîmes jadis au sujet du réalisateur d'un autre scopitone (mais de quelle chanson s'agissait-il donc ?!) pour finir par l'hypothèse Godard, sans certitude aucune.
Rien à voir, mais à la réflexion, la rime "après / des-Prés" est -elle vraiment acceptable ?
Oui, merci beaucoup, cher Anonyme mélancolique. clip est Je suis intriguée, cher George, par cet autre scopitone et son hypothèse Godard. Allez, un petit effort de mémoire pour retrouver de quelle chanson il s'agissait ! Pour la rime, je dirais que c'est acceptable, non... ?
Tatata, Florence, la prosodie classique ne l'accepterait pas, me semble-t-il : déjà que les rimes masculines ne peuvent aller avec les féminines, alors les "é" et les "è"…
Mais bon, oui, ça me semble acceptable dans ce registre mineur et donc dévoyé par les puristes que sont les chansons françaises (un ami vient de m'en offrir une très belle récente anthologie d'anciennes, avec les partitions, des heures de bonheur assuré…)
Et puis je vais pas faire mon chipoteur, surtout depuis que l'Anonyme mélancolique m'a fortement fait constater la régularité alexandrienne des tridécasyllabes (c'est loin, tout ça…)
Quant au scopitone à l'hypothèse Godard, que crois-tu ? J'ai passé une une bonne partie de l'après-midi à en rechercher la référence dans mes archives de mèles, en vain évidemment alors que des tâches plus urgentes m'appellent moi aussi…
Je me rends compte que si j'ai trouvé cette rime tout à fait acceptable, c'est aussi parce que le mot "après", je le prononce (mal), avec une réminiscence d'accent du sud sans doute, "aprés".
En fait, je crois que c'est à propos de ce même petit film sur Femme d'aujourd'hui que nous nous posions la question, il y a quelques années déjà, cher George (serais-je légèrement obsessionnel? disons que j'ai de la suite dans les idées). Si vous ne retrouvez rien dans vos archives de messagerie, c'est sans doute parce que c'était dans un échange de commentaires de blogue, sur l'un ou l'autre des blogues successifs du regretté colonel Smith-Garcia, je crois.
Je ne sais plus si nous avions fini par tomber d'accord sur une hypothèse (Godard? il est vrai qu'il a fait tourner Geneviève Galéa très peu de temps après ce petit film dans Les carabiniers, sorti en 1963); pour ma part j'en tenais pour Lelouch, parce qu'il a été étroitement associé aux scopitones (rien de tel pour Godard). Mais j'ai fini par écarter l'hypothèse scopitone, ce titre ne figurant pas au catalogue (le hasard a voulu que je collabore il y a trois ans avec le petit-fils de "Mamy Scopitone", Andrée Davis-Boyer, la principale productrice de ces clips pour juke-box). Puis un virtuose de la recherche documentaire dans les archives variétés de l'INA à qui j'ai soumis le problème a retrouvé la trace de ce petit film: avant sa diffusion, il y avait une présentation en plateau insistant sur le fait qu'il était réalisé par Béart lui-même.
Pour la rime approximative "après"/"prés", bien sûr qu'il y a une licence; mais:
1/ les licences sont d'usage dans l'écriture de chansons, elles constituent presque une convention piquante du genre, qu'il faut respecter (cf. maints exemples de fausses liaisons chez Brassens: "coucha-z-avec son remplaçant" à la fin de Corne d'Aurochs, etc.)
2/ Béart lui-même prononce les deux e de la même façon, ouverts, "après" et "Saint-Germain des Près" (autrement dit l'inverse de vous, Florence, qui régularisez la rime avec deux e fermés!); idem dans les enregistrements de Gréco et de Montand. Je me souviens que mon grand-père, qui avait été étudiant quelques années dans le Quartier Latin avant-guerre, prononçait aussi "Saint-Germain des Près". Peut-être était-ce après tout la prononciation en usage vers le milieu du XXe siècle? Le plus amusant c'est que Béart lui-même enfreint son propre usage en faisant rimer (simple assonance en fait) "visiter" et "Saint-Germain des Prés", au premier couplet, avec la prononciation fermée du e.
Et moi de me confondre en remerciements exprès pour la richesse de ces précisions !
Ma mémoire est tellement labile que je ne sais plus si cette petite enquête de jadis avait eu lieu par voie de messages ou dans des commentaires (je penche plutôt pour la première hypothèse, sachant qu'une partie de mes archives me sont présentement inaccessibles) mais je suis agréablement surpris de constater que ma cervelle ne part pas complètement en sauce blanche puisque c'est bien évidemment de ce même petit film que nous nous interrogions sur l'identité du réalisateur (sans prétendre aucunement me comparer à vous, j'ai moi aussi de la suite dans les idées, comme on dit à France Culture, et je finirai bien par retrouver la trace de ces échanges)…
J'avais évoqué Godard, à tout hasard, et vous aviez en effet rétorqué Lelouch, je m'en souviens bien, mais c'était donc Béart (du coup j'avais la rime en ma faveur).
Mais il faut tout de même reconnaître que je suis hélas ramollo du bulbe, puisque l'anthologie que j'évoquais précédemment est celle d'Henri Davenson, rédigée durant l'Occupation et dont la dernière édition, à La Baconnière, remonte à… 1982 (pas vraiment récente, donc) !
J'ai moi aussi un exemplaire du Livre des chansons de Davenson, dans l'édition du Club des libraires de France, 1958 (format à l'italienne, illustré de gravures populaires, superbe maquette de Pierre Faucheux).
Je suis à peu près sûr que Guy Béart a utilisé le Livre des chansons quand il a réalisé sa belle anthologie de Très vieilles chansons de France. (Qu'y a-t-il de plus touchant que Les tristes noces et Brave marin revient de guerre? Et Le conscrit du Languedoc!)
Savez-vous que Henri Davenson était le pseudonyme de l'historien des religions Henri-Irénée Marrou? Sans doute voulait-il distinguer nettement ce Livre des chansons de ses essais sur saint Augustin et les pères de l'Église. Je recommande à Florence sa passionnante Histoire de l'éducation dans l'Antiquité -- des fois qu'elle connaîtrait quelqu'un qui s'intéresse à cette période.
Histoire de l'éducation dans l'Antiquité ? Il s'agit donc, entre autres, de Rome, hé ! ho ! Hem.
Très belles chansons, en effet, cher Anonyme… Je n'ai pas encore effectué de recherches sur le sujet mais je me demande, dans ce registre, quel est l'ordre chronologique de publication des albums de Béart, de Montand et de Jacques Douai.
Pour l'ordre de sortie des albums: Chansons populaires de France de Montand est sorti en 1955, la même année que Chansons poétiques anciennes et modernes de Jacques Douai, premier récital qui sera suivi dans les années 50 et 60 par une dizaine d'autres mêlant chansons traditionnelles, "fausses" chansons populaires, et chansons modernes. L'album des Très vieilles chansons de France de Guy Béart est sorti en 1966.
On peut mentionner aussi, en 1960, Amours et ma dame aussi de Mouloudji, un album de chansons traditionnelles, surtout des chansons d'amour mais pas seulement (Le conscrit du Languedô).
Merci pour ces précieuses précisions, et je ne suis pas mécontent pour ma part d'avoir récupéré voici deux-trois ans ce très bel album de Mouloudji. Beau à tous les sens du terme : Philips ne lésinait apparemment pas à l'époque, même pour des tentatives aussi improbables : pochette en carton dur, joli livret, illustrations soignées, tout est nickel — sans parler de la qualité du vinyle lui-même, au sens réel et figuré…
Je reviens sur la rime "après" / "Saint-Germain des Prés".
Béart a enregistré la chanson au moins deux fois (sans compter les versions de concert): une première fois sur un disque sorti en 1960 chez Philips (produit par Canetti), puis une seconde fois après avoir quitté Philips pour fonder sa propre maison de disques. C'est semble-t-il en 1963 que Béart a rompu avec Philips; il a d'abord tenté de récupérer les droits de ses premiers enregistrements, sans succès: au terme d'un long procès, il a seulement obtenu que Philips ne les exploite plus, et il a réenregistré pour son label "Chez Temporel" la totalité de son répertoire des années 50 et du début des années 60. Je ne sais pas de quand date le nouvel enregistrement d'Il n'y a plus d'après; sans doute de la fin des années 60 ou du début des années 70. C'est cette seconde version qui figure sur l'album de 1973 reproduit en tête du billet.
Or quelque chose a changé dans la dizaine d'années qui s'est écoulée entre la version originale et le second enregistrement.
Dans la version de 1960, celle que j'ai, moi, dans l'oreille, pas de doute: au refrain, Béart chante bien "Saint-Germain des Près", avec un e très ouvert rimant avec "après" (c'était aussi la prononciation de mon grand-père). Dix ans plus tard, c'est beaucoup moins net: Béart a fermé le e de "Prés", et du même coup il a aussi fermé un peu celui d' "après", qui dans certaines prises du refrain n'est pas loin d'être prononcé "aprés". La prononciation que vous avez en tête, Florence, est donc assez fidèle à ce qu'on entend sur le disque de 1973 par lequel vous avez connu la chanson.
Serait-ce que, dans l'intervalle, des puristes lui auraient fait des remarques, faisant valoir que sa prononciation de "Saint-Germain des Prés" était défectueuse, et que la rime était fausse?…
Dernière remarque: il y a tout de même quelque chose d'étrange dans le fait que, dans le refrain, "Prés" rime avec "après" et "reverrai", donc deux e ouverts, alors qu'à la fin de chacun des trois couplets, il rime avec un e fermé: "visiter", "étrangers", "éternité". Était-ce délibéré? Hélas, il est trop tard pour poser la question à celui qui seul avait la réponse.
Vos précisions et hypothèses sont fichtrement intéressantes mais Gréco ne saurait à mon avis nous en dire plus : seule la poésie aura toujours le dernier mot aimé (aimè ?)
Au passage, une petite devinette à propos du producteur Jacques Canetti, qui a lancé Béart, Brel, Brassens, Félix Leclerc, et tant d'autres… Dans la profession, il était, paraît-il, surnommé "le Crime". Pourquoi?
Parce que, apparemment, il ne payait pas, ou, du moins, mal... Mais, cher Anonyme énigmatique, je n'ai aucun mérite, j'ai trouvé la réponse sur google, dans un extrait d'un livre sur Serge Reggiani.
Merci, Florence, d'avoir présenté cet album de 1973 car je ne me souvenais plus de l'année, qui est celle où je suis allé voir un récital de Guy Béart (et où il m'a précisément dédicacé cet album-là, qui venait de sortir) : ça me permet de retrouver l'âge que j'avais à l'époque…
RépondreSupprimerAge qui était le même que le mien, je crois bien ! Je me souviens très bien de l'année 1973 car c'est celle où je suis arrivée à Rouen. Et c'est là, enfin tout près, au Théâtre Maxime Gorki de Petit-Quevilly, que trois ou quatre années plus tard j'ai moi aussi assisté à un concert de Guy Béart...
SupprimerJe ne connaissais pas cet album (ni la belle photo pluvieuse de sa pochette), ayant découvert et appris à aimer Guy Béart sur le tard, bien des années après vous, chère Florence & cher George.
RépondreSupprimerParmi les chansons mineures de Guy Béart, ne figurant pas sur les compiles telles que ces Chansons d'avant-hier et d'après-deamain, il en est une, Fille d'aujourd'hui, datant de 1962, qui présente la particularité d'avoir été mise en images d'une manière qui me semble vraiment très dynamique et moderne pour l'époque. On peut regarder en ligne ce clip avant la lettre. J'ai longtemps pensé qu'il devait s'agir d'un des premiers scopitones (sachant que beaucoup ont été réalisés, anonymement, par un cinéaste débutant nommé Claude Lelouch). En fait non: un documentaliste spécialisé dans la chanson, avec qui j'ai eu la chance de travailler et à qui j'ai posé la question m'a indiqué, après une rapide recherche, que c'est Guy Béart lui-même qui a réalisé ce petit film pour la télévision française. Cela explique la manière amoureuse et sensuelle de filmer, au long de ces trois minutes, un jeune mannequin nommée Geneviève Galéa -- qui n'est autre que la mère d'Emmanuelle Béart, née l'année d'après…
Merci pour ce joli pré-clip et ces précisions, cher Anonyme mélancolique, mais cela me rappelle une interrogation que nous nous fîmes jadis au sujet du réalisateur d'un autre scopitone (mais de quelle chanson s'agissait-il donc ?!) pour finir par l'hypothèse Godard, sans certitude aucune.
RépondreSupprimerRien à voir, mais à la réflexion, la rime "après / des-Prés" est -elle vraiment acceptable ?
Oui, merci beaucoup, cher Anonyme mélancolique. clip est
SupprimerJe suis intriguée, cher George, par cet autre scopitone et son hypothèse Godard. Allez, un petit effort de mémoire pour retrouver de quelle chanson il s'agissait !
Pour la rime, je dirais que c'est acceptable, non... ?
Oups, je voulais écrire "Ce clip est en effet beau et touchant."
SupprimerTatata, Florence, la prosodie classique ne l'accepterait pas, me semble-t-il : déjà que les rimes masculines ne peuvent aller avec les féminines, alors les "é" et les "è"…
RépondreSupprimerMais bon, oui, ça me semble acceptable dans ce registre mineur et donc dévoyé par les puristes que sont les chansons françaises (un ami vient de m'en offrir une très belle récente anthologie d'anciennes, avec les partitions, des heures de bonheur assuré…)
Et puis je vais pas faire mon chipoteur, surtout depuis que l'Anonyme mélancolique m'a fortement fait constater la régularité alexandrienne des tridécasyllabes (c'est loin, tout ça…)
Quant au scopitone à l'hypothèse Godard, que crois-tu ? J'ai passé une une bonne partie de l'après-midi à en rechercher la référence dans mes archives de mèles, en vain évidemment alors que des tâches plus urgentes m'appellent moi aussi…
Je me rends compte que si j'ai trouvé cette rime tout à fait acceptable, c'est aussi parce que le mot "après", je le prononce (mal), avec une réminiscence d'accent du sud sans doute, "aprés".
SupprimerEn fait, je crois que c'est à propos de ce même petit film sur Femme d'aujourd'hui que nous nous posions la question, il y a quelques années déjà, cher George (serais-je légèrement obsessionnel? disons que j'ai de la suite dans les idées). Si vous ne retrouvez rien dans vos archives de messagerie, c'est sans doute parce que c'était dans un échange de commentaires de blogue, sur l'un ou l'autre des blogues successifs du regretté colonel Smith-Garcia, je crois.
RépondreSupprimerJe ne sais plus si nous avions fini par tomber d'accord sur une hypothèse (Godard? il est vrai qu'il a fait tourner Geneviève Galéa très peu de temps après ce petit film dans Les carabiniers, sorti en 1963); pour ma part j'en tenais pour Lelouch, parce qu'il a été étroitement associé aux scopitones (rien de tel pour Godard). Mais j'ai fini par écarter l'hypothèse scopitone, ce titre ne figurant pas au catalogue (le hasard a voulu que je collabore il y a trois ans avec le petit-fils de "Mamy Scopitone", Andrée Davis-Boyer, la principale productrice de ces clips pour juke-box). Puis un virtuose de la recherche documentaire dans les archives variétés de l'INA à qui j'ai soumis le problème a retrouvé la trace de ce petit film: avant sa diffusion, il y avait une présentation en plateau insistant sur le fait qu'il était réalisé par Béart lui-même.
Pour la rime approximative "après"/"prés", bien sûr qu'il y a une licence; mais:
1/ les licences sont d'usage dans l'écriture de chansons, elles constituent presque une convention piquante du genre, qu'il faut respecter (cf. maints exemples de fausses liaisons chez Brassens: "coucha-z-avec son remplaçant" à la fin de Corne d'Aurochs, etc.)
2/ Béart lui-même prononce les deux e de la même façon, ouverts, "après" et "Saint-Germain des Près" (autrement dit l'inverse de vous, Florence, qui régularisez la rime avec deux e fermés!); idem dans les enregistrements de Gréco et de Montand. Je me souviens que mon grand-père, qui avait été étudiant quelques années dans le Quartier Latin avant-guerre, prononçait aussi "Saint-Germain des Près". Peut-être était-ce après tout la prononciation en usage vers le milieu du XXe siècle? Le plus amusant c'est que Béart lui-même enfreint son propre usage en faisant rimer (simple assonance en fait) "visiter" et "Saint-Germain des Prés", au premier couplet, avec la prononciation fermée du e.
Merci beaucoup pour toutes ces précisions ciné-phonétiques !
SupprimerEt moi de me confondre en remerciements exprès pour la richesse de ces précisions !
RépondreSupprimerMa mémoire est tellement labile que je ne sais plus si cette petite enquête de jadis avait eu lieu par voie de messages ou dans des commentaires (je penche plutôt pour la première hypothèse, sachant qu'une partie de mes archives me sont présentement inaccessibles) mais je suis agréablement surpris de constater que ma cervelle ne part pas complètement en sauce blanche puisque c'est bien évidemment de ce même petit film que nous nous interrogions sur l'identité du réalisateur (sans prétendre aucunement me comparer à vous, j'ai moi aussi de la suite dans les idées, comme on dit à France Culture, et je finirai bien par retrouver la trace de ces échanges)…
J'avais évoqué Godard, à tout hasard, et vous aviez en effet rétorqué Lelouch, je m'en souviens bien, mais c'était donc Béart (du coup j'avais la rime en ma faveur).
Mais il faut tout de même reconnaître que je suis hélas ramollo du bulbe, puisque l'anthologie que j'évoquais précédemment est celle d'Henri Davenson, rédigée durant l'Occupation et dont la dernière édition, à La Baconnière, remonte à… 1982 (pas vraiment récente, donc) !
J'ai moi aussi un exemplaire du Livre des chansons de Davenson, dans l'édition du Club des libraires de France, 1958 (format à l'italienne, illustré de gravures populaires, superbe maquette de Pierre Faucheux).
RépondreSupprimerJe suis à peu près sûr que Guy Béart a utilisé le Livre des chansons quand il a réalisé sa belle anthologie de Très vieilles chansons de France. (Qu'y a-t-il de plus touchant que Les tristes noces et Brave marin revient de guerre? Et Le conscrit du Languedoc!)
Savez-vous que Henri Davenson était le pseudonyme de l'historien des religions Henri-Irénée Marrou? Sans doute voulait-il distinguer nettement ce Livre des chansons de ses essais sur saint Augustin et les pères de l'Église. Je recommande à Florence sa passionnante Histoire de l'éducation dans l'Antiquité -- des fois qu'elle connaîtrait quelqu'un qui s'intéresse à cette période.
Merci pour la recommandation !
SupprimerHistoire de l'éducation dans l'Antiquité ? Il s'agit donc, entre autres, de Rome, hé ! ho !
RépondreSupprimerHem.
Très belles chansons, en effet, cher Anonyme…
Je n'ai pas encore effectué de recherches sur le sujet mais je me demande, dans ce registre, quel est l'ordre chronologique de publication des albums de Béart, de Montand et de Jacques Douai.
Pas mal, ce jeu de mots shakespearien !
SupprimerHem, comme vous dites.
SupprimerPour l'ordre de sortie des albums: Chansons populaires de France de Montand est sorti en 1955, la même année que Chansons poétiques anciennes et modernes de Jacques Douai, premier récital qui sera suivi dans les années 50 et 60 par une dizaine d'autres mêlant chansons traditionnelles, "fausses" chansons populaires, et chansons modernes. L'album des Très vieilles chansons de France de Guy Béart est sorti en 1966.
On peut mentionner aussi, en 1960, Amours et ma dame aussi de Mouloudji, un album de chansons traditionnelles, surtout des chansons d'amour mais pas seulement (Le conscrit du Languedô).
Merci pour ces précieuses précisions, et je ne suis pas mécontent pour ma part d'avoir récupéré voici deux-trois ans ce très bel album de Mouloudji.
SupprimerBeau à tous les sens du terme : Philips ne lésinait apparemment pas à l'époque, même pour des tentatives aussi improbables : pochette en carton dur, joli livret, illustrations soignées, tout est nickel — sans parler de la qualité du vinyle lui-même, au sens réel et figuré…
Oh, j'ai connu des cheikhs pires que ça, chère Florence…
RépondreSupprimerJe reviens sur la rime "après" / "Saint-Germain des Prés".
RépondreSupprimerBéart a enregistré la chanson au moins deux fois (sans compter les versions de concert): une première fois sur un disque sorti en 1960 chez Philips (produit par Canetti), puis une seconde fois après avoir quitté Philips pour fonder sa propre maison de disques. C'est semble-t-il en 1963 que Béart a rompu avec Philips; il a d'abord tenté de récupérer les droits de ses premiers enregistrements, sans succès: au terme d'un long procès, il a seulement obtenu que Philips ne les exploite plus, et il a réenregistré pour son label "Chez Temporel" la totalité de son répertoire des années 50 et du début des années 60. Je ne sais pas de quand date le nouvel enregistrement d'Il n'y a plus d'après; sans doute de la fin des années 60 ou du début des années 70. C'est cette seconde version qui figure sur l'album de 1973 reproduit en tête du billet.
Or quelque chose a changé dans la dizaine d'années qui s'est écoulée entre la version originale et le second enregistrement.
Dans la version de 1960, celle que j'ai, moi, dans l'oreille, pas de doute: au refrain, Béart chante bien "Saint-Germain des Près", avec un e très ouvert rimant avec "après" (c'était aussi la prononciation de mon grand-père). Dix ans plus tard, c'est beaucoup moins net: Béart a fermé le e de "Prés", et du même coup il a aussi fermé un peu celui d' "après", qui dans certaines prises du refrain n'est pas loin d'être prononcé "aprés". La prononciation que vous avez en tête, Florence, est donc assez fidèle à ce qu'on entend sur le disque de 1973 par lequel vous avez connu la chanson.
Serait-ce que, dans l'intervalle, des puristes lui auraient fait des remarques, faisant valoir que sa prononciation de "Saint-Germain des Prés" était défectueuse, et que la rime était fausse?…
Dernière remarque: il y a tout de même quelque chose d'étrange dans le fait que, dans le refrain, "Prés" rime avec "après" et "reverrai", donc deux e ouverts, alors qu'à la fin de chacun des trois couplets, il rime avec un e fermé: "visiter", "étrangers", "éternité". Était-ce délibéré? Hélas, il est trop tard pour poser la question à celui qui seul avait la réponse.
Mais peut-être Gréco saurait-elle?
"Quelque chose a changé dans la dizaine d'années qui s'est écoulée", écrivez-vous. Les accents du temps, donc, si ce ne sont ses couleurs...
SupprimerVos précisions et hypothèses sont fichtrement intéressantes mais Gréco ne saurait à mon avis nous en dire plus : seule la poésie aura toujours le dernier mot aimé (aimè ?)
SupprimerAu passage, une petite devinette à propos du producteur Jacques Canetti, qui a lancé Béart, Brel, Brassens, Félix Leclerc, et tant d'autres… Dans la profession, il était, paraît-il, surnommé "le Crime". Pourquoi?
RépondreSupprimerParce que, apparemment, il ne payait pas, ou, du moins, mal... Mais, cher Anonyme énigmatique, je n'ai aucun mérite, j'ai trouvé la réponse sur google, dans un extrait d'un livre sur Serge Reggiani.
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