dimanche 1 novembre 2015

Photographies


Pernes-les-Fontaines, circa 1966

"Je ne sais toujours pas dire précisément ce qui m’émeut dans les photos. Elles me parlent de ce qui se vit et se meurt en même temps. Elles me racontent la beauté de l’instant unique qu’on ne revivra jamais. Elles me chantent l’effort vain de l’humain pour retenir la vie. Tracer un trait sur la paroi de la grotte, modeler une glaise, graver le tronc d’un arbre, fixer la lumière sur la pellicule. Écrire un mot. Dire j’étais là, tu étais là."
Isabelle Monnin, Les Gens dans l’enveloppe
 
Paris, printemps 2015

"Je voudrais, si cela est possible, tout consigner.
Je ne suis pas photographe, je prends des photos. C'est comme saisir un objet avec les mains, c'est l'action concrète d'attraper quelque chose.
Je pense aux annuaires téléphoniques de Modiano, aux mille portraits du Kaddish de Boltanski, et même aux archives d'état civil numérisées des Mormons.
La même tentative vaine de conserver des traces matérielles, même infimes, de ce qui fut.
Tout garder, si cela était possible.
Ça a existé, ça a été, regarde, des instants.
Ça a été, ce n'est plus.
Le pour rien de la vie qui se défile.
Un pas dans la neige.
Prendre des photos, recueillir les photos abandonnées par d'autres, ramasser du bois et des pierres, les mettre sous son lit, et chaque soir dégringoler avec le rocher dans la pente."
Isabelle Monnin, Les Gens dans l’enveloppe

Des photos, un roman, une enquête, des chansons

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