Paris, la nuit, avril 2014. En passant rue des Fossés Saint-Bernard, on est saisie d'un soudain rêve d'Orient, d'un désir de fuite calme et rassurante, mêlés à l'évidente mais toujours puissante réminiscence des périples de Barnabooth (était-ce pour le bac de français, cette magie de l'Harmonika-Zug ?).
Embarquer à Paris, s'endormir en se laissant bercer par le train de luxe qui file dans la nuit, se réveiller, de nuit encore, sur le Bosphore...
"Prête-moi ton grand bruit, ta grande allure si douce,
Ton glissement nocturne à travers l’Europe illuminée,
Ô train de luxe ! et l’angoissante musique
Qui bruit le long de tes couloirs de cuir doré,
Tandis que derrière les portes laquées, aux loquets de cuivre lourd,
Dorment les millionnaires.
Je parcours en chantonnant tes couloirs
Et je suis ta course vers Vienne et Budapesth,
Mêlant ma voix à tes cent mille voix,
Ô Harmonika-Zug !
[...]
Ah ! il faut que ces bruits et que ce mouvement
Entrent dans mes poèmes et disent
Pour moi ma vie indicible, ma vie
D’enfant qui ne veut rien savoir, sinon
Espérer éternellement des choses vagues."
Valéry Larbaud, Ode, dans Les Poésies de A.O. Barnabooth
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