mardi 21 novembre 2017
Madeleine, peut-être (9 rue du Val-de-Grâce)
"Un jour, elle m'a proposé de l'accompagner chez cette Madeleine Péraud dont j'ai eu du mal à me rappeler le nom. Mais, avec un peu de bonne volonté, ils vous reviennent à la mémoire, ces noms qui demeuraient dans votre esprit sous une légère couche de neige et d'oubli. Oui, Madeleine Péraud. Mais je me trompe peut-être sur le prénom.
Elle habitait au début de la rue du Val-de-Grâce, au numéro 9. Depuis, je suis souvent passé devant la grille qui donne accès à un jardin entouré de trois façades d'immeuble avec de grandes fenêtres. Je me suis même retrouvé là, par hasard, il y a quinze jours. Et c'était à l'heure où nous franchissions la grille, Geneviève Dalame et moi. Cinq heures du soir en hiver, quand la nuit tombait et que l'on voyait déjà de la lumière aux fenêtres. J'ai eu la certitude que j'étais revenu dans le passé par un phénomène que l'on pourrait appeler l'éternel retour ou, simplement, que pour moi le temps s'était arrêté à une certaine période de ma vie."
Patrick Modiano, Souvenirs dormants (Gallimard, 2017)
"C'est ainsi qu'il suffit de croiser une personne ou de la rencontrer à deux ou trois reprises, ou de l'entendre parler dans un café ou le couloir d'un train, pour saisir des bribes de son passé. Mes cahiers sont remplis de bouts de phrase prononcés par des voies anonymes. Et aujourd'hui, sur une page semblable aux autres, j'essaye de transcrire les quelques mots échangés il y a près de cinquante ans avec une certaine Madeleine Péraud dont je ne suis même pas sûr du prénom."
Patrick Modiano, Souvenirs dormants (Gallimard, 2017)
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C'est drôle, chère Florence, je m'étais juré d'aller voir à quoi ressemblait ce numéro 9 au moment de ma lecture, mais vous m'avez devancé, bravo !
RépondreSupprimerNous aurions donc pu nous croiser, cher Inconsolable ! Allez-y, c'est un bel endroit, et j'avoue qu'il ne me déplairait pas d'y habiter... J'ai pris d'autres photos du jardin, mais je ne voulais pas surcharger ce post. Je suis restée un moment à observer les allées venues qui entraient et sortaient à la tombée de la nuit, me demandant si je n'allais pas apercevoir une certaine Madeleine, ou du moins son fantôme...
SupprimerAh oui, et, étant donné que nous ne nous serions pas reconnus, nous aurions, chacun dans notre coin pondu un texte sur le fantôme de l'autre...
SupprimerÇa aurait pu être en effet assez intrigant et plaisant !
SupprimerJe connais des heureux qui habitent au numéro 9, endroit merveilleux et de plus littéraire !
RépondreSupprimerAh, c'est donc vous, cher Matthieu, qui en allant rendre visite à ces heureux-là, avez une chance de croiser les fantômes de Madeleine, de Geneviève ou du jeune Patrick... !
SupprimerJe lirai le livre et vous raconterai...
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