lundi 25 mai 2015

Gobelins (5)



"Mère des Sept douleurs ô lumière mouillée
Sept glaives ont percé le prisme des couleurs
Le jour est plus poignant qui point entre les pleurs
L'iris troué de noir plus bleu d'être endeuillé"

Louis Aragon, Les Yeux d'Elsa

vendredi 22 mai 2015

Mathématiques célestes (2)


Chapitre : géométrie
Leçon 5 : le cercle et le plan

Chapitre : géométrie
Leçon 6 : l'angle aigu

Chapitre : statistiques
Leçon 1 : le nuage de points 
Activité ludique d'application : la lune se cache dans ce nuage, saurez-vous la trouver ?

lundi 11 mai 2015

202 boulevard Saint-Germain



"Hommes de l’avenir souvenez-vous de moi"

Guillaume Apollinaire, Vendémiaire (Alcools)


Début 1913, quelques mois avant la parution d’Alcools, Apollinaire s'installe au 202 boulevard Saint-Germain, dans un petit appartement sous les toits, "le pigeonnier, le grenier" comme évoqué par son ami André Billy.







Un jour d'avril bleu, on passe devant l'immeuble, on lève la tête, on voit la petite terrasse. Clignant des yeux dans le soleil timide, est-ce bien le fantôme de Guillaume que l'on devine... ?
Guillaume Apollinaire et sa femme Jacqueline


Sur sa porte, Apollinaire a épinglé ce carton :


L'immeuble est à une centaine de mètres du Café de Flore, dont le poète est un fidèle client.
Dans Café de Flore, l'esprit d'un siècle, Christophe Boubal cite André Billy:
« Au clair de lune, à deux heures du matin, combien  de fois ai-je bu un dernier pernod au Flore ou aux Deux-Magots, avant qu'il ne rentrât chez lui, 202 boulevard Saint-Germain ».
Il cite aussi Philippe Soupault (Mémoires de l'oubli) :
« Au Café de Flore, devant un picon-citron, Apollinaire était assis comme un "pontife" et accueillait ses amis avec un sourire. Un sourire que je n'ai jamais oublié.
Ses amis : Pierre Reverdy, silencieux ; Max Jacob, bavard ; Blaise Cendrars, ricanant ; Francis Carco, goguenard, Raoul Dufy, distant (...).
Près de moi vint s'assoir un jeune homme en uniforme bleu horizon (c'était notre uniforme en 1917), c'était un grand jeune homme aussi intimidé que moi. "C'est André Breton, me dit Apollinaire, dont je vous ai lu un poème...". Et il ajouta sur le ton prophétique qu'il avait adopté à l'époque: "Il faut que vous deveniez amis". »

Christophe Boubal évoque également le 9 novembre 1918, jour de la capitulation de l'empereur d'Allemagne, Guillaume II, avec cette anecdote cruellement ironique : tandis que boulevard Saint-Germain la foule hurle "A mort Guillaume !", quelques étages plus haut, un autre Guillaume, Guillaume Albert Vladimir Alexandre Apollinaire de Kostrowitzky, Guy l'artiflot, est en train de mourir...

* * * 

"Et je pense à celui qui a quitté le temps,
Qui, un jour de novembre, il y a dix-sept ans,
A comme un dieu tricheur éludé la vieillesse
Et quelque part, dans l'ironie et la sagesse,
Est resté l'enchanteur qui jamais ne pourrit ;
 [...]
Alors, connaissant bien l'avenir par les cartes,
Tu as souri comme on dit que tu le savais
Et tu as dit : « Guillaume, il est temps que tu partes. »"

Marcel Thiry, Commémoration d'Apollinaire, 1935

Au Père-Lachaise