"- Comment s'appelle le film que vous tournez ?
Il hésita un moment.
- Le titre ? Ah oui... Rendez-vous de juillet...
- Mais il y a eu déjà un film qui s'appelait comme ça...
- Oui, mais ils ne sont au courant de rien...
[...]
- Vous êtes sûr qu'il est dans cette voiture ?
- Évidemment.
À moi, ça m'avait plutôt l'air d'une Lancia fantôme qui n'en finirait jamais de glisser à travers ce Paris nocturne et mort.
- Eh bien, nous avons de la chance. Il ne fait qu'un tour de piste.
La Lancia commençait à descendre l'avenue d'Iéna.
- Et c'est la même chose toutes les nuits ?
- Non. Quelquefois, il disparaît pendant une quinzaine de jours.
- Parce que vous le suivez toutes les nuits ?
- Presque. J'essaie d'être le plus souvent au rendez-vous.
Il avait prononcé "rendez-vous" d'une voix triste qui rencontra un écho chez moi. Je pensais au titre de son film : Rendez-vous de juillet. Nous étions en juillet. Il faisait chaud. Les gens étaient partis en vacances. Vingt ans avaient passé et je sillonnais, par une nuit d'été, cette ville absente. Moi aussi, sans très bien m'en rendre compte, j'étais revenu à Paris pour un rendez-vous de juillet."
Patrick Modiano, Quartier perdu
La Lancia Flaminia blanche, glissant comme un fantôme dans les rues d'un Paris déserté ? |
Ce Rendez-vous de juillet mentionné dans Quartier perdu, c'est-à-dire le premier "film qui s'appelait comme ça", est un film de Jacques Becker sorti en 1949. Il évoque une bande de copains dans le Saint-Germain-des-Prés de l'après-guerre, évoluant entre caveaux de jazz, cours de théâtre, flirts et rêves d'Afrique.
C'est le premier long-métrage mettant en scène Maurice Ronet, alors âgé de 22 ans. Il incarne Roger Moulin, trompettiste dans l'orchestre de Claude Luter (qui joue dans le film son propre rôle). Curieusement, Maurice Ronet est dans Rendez-vous de juillet le fils de ses propres parents, les comédiens Emile Robinet et Gilberte Dubreuil. Ce Rendez-vous de juillet où joue également l'actrice belge Louisa Colpeyn, la mère de Patrick Modiano...
Quant au narrateur de Quartier perdu, son nom est Jean Dekker. Jean Dekker, Jacques Becker, étrange paronymie...
Maurice Ronet et Brigitte Auber dans Rendez-vous de juillet |
Je ne me souviens plus très bien de Quartier perdu. Mais il doit y en avoir un exemplaire dans la maison de famille où je passerai quelques jours cet été, ce sera peut-être l'occasion de le relire.
RépondreSupprimerÀ propos de Modiano et du cinéma: connaissez-vous, chère Florence, le film de Patrice Leconte Le Parfum d'Yvonne, qui est une adaptation de Villa triste? Il semble que la décision de changer le titre soit le fait des producteurs, mais peut-être était-ce aussi un souhait de Modiano, qui n'a pas signé lui-même l'adaptation et ne s'est pas vraiment reconnu dans le résultat ("à l'arrivée c'est votre film mais vous n'auriez pas pu le faire sans mon livre", aurait-il dit à Leconte après la première projection). Leconte lui-même s'en est souvent déclaré insatisfait, regrettant que les producteurs ne lui aient pas permis de faire le film qu'il voulait faire. Tout cela a abouti à un échec commercial.
Pourtant, je ne connais pas d'autre film qui rende mieux certains aspects essentiels de l'écriture de Modiano. Le tremblé de la temporalité, le mystère sous la banalité des apparences, certaines atmosphères de luxe et d'indolence dans ce qu'elles ont de fragile et de factice… Tout cela servi par une image superbe, et des acteurs formidables. C'est un film que je revois régulièrement, avec toujours autant de plaisir (peut-être même davantage à chaque fois). Si le scénario prend des libertés avec la lettre du roman, l'esprit est vraiment là, je trouve. Je serais curieux de savoir ce que vous en pensez.
Il y a un autre film dont je me suis demandé parfois si vous le connaissiez: c'est Le fils de Gascogne, de Pascal Aubier. Cette fois Modiano est l'auteur (en collaboration avec le réalisateur) du scénario original. C'est un film attachant jusque dans ses maladresses et son côté semi-improvisé, et très touchant dans son rapport à la Nouvelle Vague. J'ai l'impression qu'il n'est pas très connu, même des amateurs de Modiano, et c'est dommage.
(En revanche on peut se dispenser, à mon humble avis, de voir Bon voyage de Jean-Paul Rappeneau, 2003, le dernier film dont il ait écrit le scénario -- bien faible.)
Il est amusant que vous illustriez ce billet avec une photo où figure Brigitte Auber. Jeune actrice, elle était une des meilleures amies de Patrick Straram, complice de Debord en 1953-54. Or la publication du petit livre retrouvé de Straram, Les bouteilles se couchent, chez Allia en 2006 (ce texte, composé en 1953 et que l'on croyait perdu, raconte les dérives alcoolisées de Straram dans les bistrots du quartier latin et met en scène les jeunes marginaux qui se retrouvaient "Chez Moineau", rue du Four) a de toute évidence joué un rôle essentiel dans la genèse de Dans le café de la jeunesse perdue, paru un an et demi après. Je soupçonne la postface de cette édition et le dictionnaire des lieux et des personnes qui l'accompagne d'avoir stimulé l'imagination de Modiano au moins autant que les textes autobiographiques de Debord.
Décidément, cher Anonyme cinématographique et très érudit, le champ de vos connaissances est impressionnant, merci pour toutes ces choses que vous nous racontez, et dont je suis le plus souvent ignorante.
RépondreSupprimerJ'ai vu une fois Le Parfum d'Yvonne, mais ça fait longtemps, et je n'avais alors sans doute pas de "conscience modianesque" très développée. Ce que vous en dites me donne très envie de le revoir. De même que la découverte du Fils de Gascogne, que pour le coup je ne connais pas du tout, est très tentante.
Quant à Brigitte Auber, là encore je n'en savais rien, et j'aime beaucoup cette nouvelle "correspondance", involontaire de ma part, que vous mettez en lumière. Le choix de cette illustration, recelant un lien de plus avec l'univers de Modiano, aurait donc été guidé par un hasard objectif...
… a croisé tout à l'heure Patrick M., qui flânait en compagnie de Dominique Z., dans la rue Grégoire-de-Tours.
RépondreSupprimerA-t-il jamais cité cette rue dans un de ses romans?
Oh la belle rencontre !
RépondreSupprimerJe ne sais pas, en tout cas c'est si près de la rue de Seine, de la rue Mazarine, du quai de Conti, que cette rue pourrait être citée dans Un pedigree ou Dans le café de la jeunesse perdue...
Dans une maison à la campagne, j'ai retrouvé Quartier perdu, juste là où je pensais qu'il était.
RépondreSupprimerUn exemplaire du premier tirage achevé d'imprimer le 14 décembre 1984, acheté et lu dès sa sortie, sans doute, par feu mon grand-père. "C'est bien loin tout ça", comme dit le poète (?).
En fait, je ne connais pas ce roman. J'ai dû en lire seulement les premières pages, ici même il y a quelques années, mais pas davantage.
Je suis frappé de découvrir la fascination du narrateur pour la baronne Orczy, l'auteur du Mouron rouge, au point d'avoir racheté sa villa à Monte-Carlo: celle-là même où le labrador Choura est engagé comme secrétaire par la baronne, dans un livre illustré par Dominique Z. à qui ce Quartier perdu est dédié.
Oui, ça m'avait frappée aussi, encore un de ces liens subtils qui participent au charme profond de l’œuvre de Patrick Modiano...
RépondreSupprimerBien oublié de nos jours, ce Mouron rouge (cri de ralliement des bolcheviques à l'assaut ?) dont je ne connais que l'édition Marabout en cinq forts volumes — quelques dizaines d'heures de lecture…
RépondreSupprimerSinon, ce "C'est bien loin tout ça" ne provient-il pas de la mélancolique Michèle de Gérard Lenorman ?
Indeed, cher George.
SupprimerCette chanson est l'œuvre de Didier Barbelivien; d'où mon point d'interrogation, pour ne pas trop compromettre la Poésie. Mais je la trouve fort bien écrite, quant à moi. Une "chanson imparable", en tout cas, selon l'utile catégorie définie par Maxime Le Forestier.
Entièrement d'accord, cher Anonyme, et merci pour cette belle expression de Maxime Le Forestier.
SupprimerJe n'avais pas prêté attention au fait qu'on devait cette chanson à Barbelivien, bien dans son style en effet — de même que ce n'est que récemment que je me suis aperçu que le tube de 1969 de René Joly, Chimène, avait été composé par Gérard Manset.
Ah, je ne connaissais pas du tout cette Chimène, le cornélien que je suis vous remercie de cette découverte, cher George!
SupprimerDans les mêmes années Manset a écrit tout un album pour Herbert Léonard. Et parmi les textes qu'il a donnés à d'autres, plus récemment, le plus beau est à mon sens Vénus, dont Bashung a fait quelque chose d'extraordinaire.
Ah, je suis fort aise de pouvoir pour une fois vois prodiguer à mon tour une découverte !
SupprimerMerci pour cette splendide Vénus que je n'avais jamais entendue, et désolé d'avoir mal interprété hier votre point d'interrogation : je croyais ingénument que l'origine de la phrase vous échappait…
J'ai une interviouve de 45 mn de Manset à propos d'un passage de Bashung à l'Olympia et de son interprétation à la guitare de Comme un Lego mais je ne sais plus du tout où j'ai récupéré cela…
… "vous prodiguer", pardon !
SupprimerQuant à moi je ne connaissais ni cette Chimène, ni cetteVénus.... Messieurs n'auriez-vous pas maintenant quelque Phèdre, Andromaque, Antigone ou Bérénice en musique à me faire découvrir ?!
Supprimer¶ Bérénice: Bénabar a fait il y a deux ou trois ans cette petite fantaisie avec de vrais morceaux de Racine dedans, en duo avec une chanteuse inconnue de moi, Amylie. À part ça, je partage assez ce jugement critique sur Bénabar.
Supprimer¶ Phèdre: la chanteuse lyrique Hélène Delavault, qui a aussi beaucoup chanté le répertoire des cabarets 1900, a enregistré il y a une dizaine d'années un disque sur lequel figure une mise en musique ironique d'un montage de vers célèbres de la pièce. On peut l'écouter sur ce blogue. (Sur ce CD, je recommande plutôt sa version de Poupée de cire, poupée de son, malgré l'absence de rapport avec Racine.)
Andromaque et Antigone, je ne vois rien -- George aura peut-être une idée?
Pas trop d'idées non, à part — lointain rapport avec Andromaque — Les couplets d'Oreste dans La belle Hélène d'Offenbach (opérette dans laquelle je préfère nettement la sublime Invocation à Vénus…
SupprimerVous êtes décidément trop forts... Je lançais ça comme une sorte de boutade, et hop, vous trouvez !
SupprimerMerci pour ces liens, fort plaisants.
De mon côté, je ne partage pas complètement l'avis de ce graffiti, j'avoue beaucoup aimer Vincent Delerm...
J'aime bien Vincent Delerm (je me souviens l'avoir entendu en concert avant qu'il enregistre son premier disque, en première partie de Thomas Fersen), mais je ne suis pas un inconditionnel, non plus; je comprends ce qui peut agacer chez lui. Comme chez Biolay, d'ailleurs, qui n'est pas non plus sans talent. Mais en fait c'est seulement pour Bénabar, dont je n'aime ni les textes, ni les musiques, ni la personne, que je m'associais au jugement certes un peu expéditif de ce graffiteur.
SupprimerEt, oui, bien sûr -- nous sommes trop forts!
SupprimerSans rapport avec les rendez-vous de juillet, Modiano, ni les chansons plus ou moins cornéliennes ou raciniennes, je me permets de glisser ici, juste comme ça, bien caché dans ces commentaires de commentaires, un lien vers une très belle version d'une chanson sur laquelle George & moi avons beaucoup échangé naguère (ou jadis): Les Tuileries, d'après un poème de Victor Hugo.
SupprimerC'est Colette Magny qui a fait, la première, quelque chose d'inoubliable de cette chanson, avant que Montand ne s'en empare; mais après recherches, elle n'aurait ni composé la musique, ni réalisé l'adaptation du poème. La musique (au moins) est l'œuvre d'un certain Lucien Merer, et la chanson a été créée par Jacques Douai (qui a chanté deux autres poèmes de Hugo mis en musique par Merer).
Mais je donne ces informations au conditionnel, parce que si l'on consulte le fichier de la SACEM (oui: j'ai vraiment fait quelques recherches), on trouve au titre de la chanson une fiche indiquant: "Tuileries", "compositeur: Colette Magny" (même pas de mention de Hugo comme auteur), "interprète: Georges Brassens". J'ai bien cherché, mais je n'ai pas trouvé trace d'une interprétation de cette chanson par Brassens. (Peut-être dans les émissions de Mireille? Brassens admirait Mireille, et Colette Magny participait au Petit Conservatoire.) Forte récompense à toute personne qui mettrait la main sur cette rareté (qui n'existe peut-être pas).
Merci pour cette très belle version des Tuileries inconnue de ma pomme, cher Anonyme !
SupprimerJe ne me souviens plus dans quel billet nous en discutions chez moi (plutôt jadis, hélas !) mais je me permets de rappeler ici que le texte est extrait des "Pièces non retenues des Chansons des rues et des bois" et que l'on peut mesurer à la lecture du poème original le savant travail de Colette Magny…
Sinon, toujours à propos de Corneille, je suis tombé sur cet album de Jeanne Mas (qui n'est pas spécialement ma tasse de thé, loin s'en faut, mais qui tombe à pic).
Jeanne Mas! "Rodrigue, qui l'eût cru! -- Chimène, qui l'eût dit!"
SupprimerMerci pour cette précieuse trouvaille. Je vais essayer de me procurer ça.
Sinon, je ne crois pas que Colette Magny ait eu quelque part que ce soit à la sélection des strophes dans le poème de Hugo. C'est probablement l'œuvre de Jacques Douai. Colette Magny n'a fait qu'une chose, mais décisive: prendre la chanson toute faite, en ralentir le tempo, en transposer la tonalité et lui donner son souingue inimitable.
Je suis presque sûr que si elle était partie du poème original, elle en aurait, quant à elle, conservé la dernière strophe pour terminer sur le mot de liberté:
La terrasse est brune.
Pendant que la lune
L’emplit de clarté,
D’ombre et de mensonges,
Nous faisons des songes
Pour la liberté.
Je vous signale que sur Gallica, on peut voir un fac-similé en couleurs de la première version manuscrite du poème: suivre ce lien, et aller au f° 26 r°.
Bertrand Belin a aussi interprété cette chanson en solo, quelques années avant le duo; dans cette vidéo on a vraiment l'impression qu'il a dans l'oreille et la mémoire les moindres inflexions de la version de Colette Magny, par moments c'est presque une imitation! Ça n'en est pas moins très beau, pour moi en tout cas.
Merci beaucoup pour cette chanson magnifique, que je ne connaissais pas, et ces versions tout aussi belles.
SupprimerSavez-vous, cher Anonyme, cher George, que depuis cet échange, j'ai dans la tête cette chanson, surtout dans son interprétation par Camélia Jordana et Bertrand Belin, de façon presque obsessionnelle... ? Merci encore pour cette découverte.
SupprimerEt, moi aussi, j'aurais bien aimé qu'elle se termine par la dernière strophe du poème original, que vous citez.
Très entêtante en effet, mais plus facile à chanter que cette autre merveille de Colette Magny dont je n'ai jamais réussi à saisir le sens exact…
SupprimerOups, désolé, erreur de lien ! Je me suis mélangé les pinceaux à force de jongler avec les copiés-collés…
SupprimerLa chanson est ici.
Le lien renvoit en fait vers un album entier. Celle dont tu parles est la deuxième, après Les Tuileries ?
SupprimerMince, j'ai décidément de l'althæa à la place du ciboulot !
SupprimerJe voulais renvoyer à Melocoton, tout simplement…
Ah oui, celle-là, je la connaissais, mais surtout le refrain en fait, sans avoir jamais trop fait attention aux autres paroles.
SupprimerMieux vaut tard que jamais, je tiens à remercier l'Anonyme pour le lien vers le manuscrit du 19 avril 1849, où l'on remarque que Hugo avait rayé le titre Les Tuileries et opté en fin de compte pour Chanson (je ne parviens pas à déchiffrer le troisième, rayé lui aussi : "Les deux…")
SupprimerJe lis "Les deux barbares"... ?
SupprimerAh oui, bien sûr ! J'étais bloqué sur "Les deux barbons", ce qui ne collait guère…
SupprimerMichèle de Lenorman, pour le coup, voilà quelque chose qui vient également de bien loin ! Il y est question de rues et de cafés, celui de la jeunesse perdue... ?
RépondreSupprimerDe rues enneigées, de cafés, de cinémas gris, de trains de banlieue, de jeunesse perdue, oui (suffit de cliquer sur le lien)…
RépondreSupprimerHoulà, ça ne nous rajeunit guère, tout ça…
Une aventure de Choura paraît en septembre 1986, un peu plus d'un an et demi après Quartier perdu. Mais il faut tenir compte du fait qu'entre la rédaction du livre et sa publication, il a dû y avoir un intervalle plus long que pour un simple roman: il a fallu le temps que Dominique Zehrfuss réalise les illustrations; et puis s'est-on décidé sans hésitation, chez Gallimard-Jeunesse, à publier ce livre dont on sent tout de suite qu'il n'est pas vraiment fait pour toucher le public d'enfants auquel il prétend s'adresser? De sorte qu'on peut imaginer que l'écriture de Choura et celle de Quartier perdu ont été parallèles, et que Modiano s'est amusé à glisser dans l'un des éléments qu'il venait d'utiliser dans l'autre.
RépondreSupprimerAutre petite rencontre entre les deux ouvrages: dans Quartier perdu, page 74, le narrateur se souvient que vingt ans plus tôt, au début des années 60, son amante Carmen lui a "présenté Rubirosa". Porfirio Rubirosa: mais Choura le croise aussi, chez la baronne Orczy! Le nom est frappant, triplement rougeoyant de porphyre, de rubis et de rose. On le croirait inventé, et je l'ai longtemps cru, jusqu'au jour où relisant Perec je suis tombé sur: "Je me souviens de Porfirio Rubirosa." (Je me souviens est aussi dans la bibliothèque de feu mon grand-père -- c'est moi qui le lui avais offert, il y a une quinzaine d'années.)
Grâce à Ouiquipédia, on peut presque tout savoir de ce playboy d'origine dominicaine, qui épousa Danielle Darrieux en 1942, mais eut bien d'autres conquêtes célèbres (Zsa Zsa Gabor, Marilyn Monroe, Ava Gardner, Rita Hayworth et Kim Novak, rien que ça!). Une rumeur insistante attribuerait son succès auprès des femmes à la taille hors-norme d'une certaine partie de son anatomie: raison pour laquelle, à l'époque, "dans certains restaurants chics de Paris" (?), un rubirosa désignait le moulin à poivre de grand modèle.
J'étais en effet moi aussi allée me perdre un peu sur internet après avoir été également saisie par cette double occurrence de la baronne et de Rubirosa dans Choura et dans Quartier perdu, personnages que je croyais inventés. Mais je ne souvenais pas de la présence de Rubirosa dans Je me souviens, et je n'avais pas poussé l'analyse aussi loin que vous, cher Anonyme encyclopédique !
SupprimerUne chose, encore. Dans Quartier perdu, page 30, on lit ceci au détour de la lettre que Rocroy a adressé au narrateur à la parution de son premier roman: "et puis, comme le dit un moraliste français, « nous vivons souvent à la merci de certains silences. » Comptez sur le mien." J'ai d'abord pensé que la référence à un "moraliste français" était un leurre, et qu'il s'agissait d'une maxime forgée par Modiano lui-même: on la retrouve en effet par deux fois au moins dans ses romans récents, Dans le café de la jeunesse perdue et L'Herbe des nuits. Mais non: gougueule nous permet de découvrir qu'il s'agit en fait d'une notation de Montherlant dans ses Carnets, légèrement modifiée.
RépondreSupprimerPlus loin, dans le roman, une autre très belle maxime, qui semble bien de Modiano celle-là: "Personne ne répond jamais aux questions qui vous tiennent à cœur."
Merci de m'avoir amené à lire ce Quartier perdu, chère Florence! Ce roman m'a beaucoup plu, et il a effacé la déception que j'ai eue il y a quelques mois avec Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier.
J'en suis bien contente, cher Anonyme. Arriver à vous faire découvrir quelque chose n'est pas si facile je crois !
SupprimerEt belles maximes, en effet.