mercredi 27 août 2014

Assis à la terrasse du ciel



Quand je les regarderai passer, assis à la terrasse du ciel...

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J'ai reçu une lettre, avec un timbre, le tampon de la poste, mon adresse, le nom de l'expéditeur, dans une enveloppe cachetée. C'est un facteur qui me l'a apportée. Une vraie lettre, quoi.

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Les bornes du savoir. Les bornes du plaisir. Les bornes de la bienséance.
On ne sait plus où mettre les pieds dans ce monde borné.

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Que de tempêtes en moi, de vins ivres, et de roses, et d'éclats. Que de vents fous rageurs.

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J'avais des ailes. Ça ne m'a pas empêché de voler.

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Faux souvenirs.
Nous habitions une ancienne abbaye juchée au sommet de la plus haute colline dominant la mer. Les jardins étagés étendaient sous nos fenêtres leur végétation luxuriante. C'est dans ce lieu à demi sauvage que j'ai vécu les plus belles années de mon enfance.

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Un poème, c'est ça qui compte.

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Ce fut un des derniers soirs.
Ensuite, il n'y eut que des levers de soleil.

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Tout ce qu'on n'invente pas ne vaut pas la peine d'être vécu.

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Je dessine une feuille, et c'est tout l'arbre. Je donne un baiser, et c'est tout l'amour. J'échange un regard, et c'est toute la pensée. Je dis un mot, et c'est tout le silence.

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Il fait beau en Poésie.


lundi 25 août 2014

Le jour où...(9)



Le jour où, regardant une fois de plus Baisers volés, j'ai réalisé quel était le livre que feuilletait Antoine Doinel en visite chez les Darbon, je me suis dit qu'il n'y avait pas de hasard, et j'ai eu une légère peur rétrospective à l'idée que si F. ne me l'avait pas fait remarquer, je serais peut-être passée pour toujours à côté de cette subtile correspondance...

vendredi 22 août 2014

Comme le premier coquelicot venu


"Tout habillée de bleu, comme le premier coquelicot venu."

Louis Calaferte, Paraphe

mercredi 20 août 2014

Mon cher Momo

Sur le tournage de "La Chambre verte" (1978)

"Mon cher Momo, j'ai beaucoup aimé revoir Le Signe du Lion et les films en 16 mm. Je sais que vous êtes convaincu que j'ai agi contre vous aux Cahiers et que vous m'en voulez. Je n'y peux rien, mais je suis très capable d'admirer et d'aimer quelqu'un sans réciprocité, donc fidèlement à vous."
(Lettre de François Truffaut à Eric Rohmer, avril 1965)

Jess Hahn, dans "Le Signe du Lion" (1959)

dimanche 17 août 2014

Nuages (3)


"Si je n'y suis pas, c'est que je suis dans les nuages."

Louis Calaferte, Paraphe


J'ai cet été tant et tant regardé les nuages que j'en ai attrapé le vertige.

vendredi 15 août 2014

J'ai tant rêvé de toi


"J'ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité.
Est-il encore temps d'atteindre ce corps vivant
Et de baiser sur cette bouche la naissance
De la voix qui m'est chère ?

J'ai tant rêvé de toi que mes bras habitués
En étreignant ton ombre
A se croiser sur ma poitrine ne se plieraient pas
Au contour de ton corps, peut-être.
Et que, devant l'apparence réelle de ce qui me hante
Et me gouverne depuis des jours et des années,
Je deviendrais une ombre sans doute.
O balances sentimentales.

J'ai tant rêvé de toi qu'il n'est plus temps
Sans doute que je m'éveille.
Je dors debout, le corps exposé
A toutes les apparences de la vie
Et de l'amour et toi, la seule
qui compte aujourd'hui pour moi,
Je pourrais moins toucher ton front
Et tes lèvres que les premières lèvres
et le premier front venu.

J'ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé,
Couché avec ton fantôme
Qu'il ne me reste plus peut-être,
Et pourtant, qu'à être fantôme
Parmi les fantômes et plus ombre
Cent fois que l'ombre qui se promène
Et se promènera allègrement
Sur le cadran solaire de ta vie."

Robert Desnos, A la mystérieuse, Corps et biens

mercredi 13 août 2014

Nuages (2)


"Les plus riches cités, les plus grands paysages, 
Jamais ne contenaient l’attrait mystérieux
De ceux que le hasard fait avec les nuages.
Et toujours le désir nous rendait soucieux !"

Charles Baudelaire, Le Voyage

lundi 11 août 2014

Tu te souviens de Suippes ?



« J'avais traversé Suippes en trombe. Le boulanger prenait le frais sur son seuil. La bouchère actionnait la manivelle de son volet mécanique. J'avais eu le temps d'entendre au passage, à la faveur d'une baisse de régime du moteur, le grincement poussif de la crémaillère. J'ai pensé : village de France, je te prends et je te tue, je troue la toile de ton décor, tu étais un souvenir poignant, tu étais à moi, rien qu'à moi, j'ai donc le droit de t'anéantir. Et Suippes disparaissait dans le rétroviseur.
Je n'en avais cependant pas fini de l'évoquer, bien qu'à considérer raisonnablement les choses il ne se fût rien passé de notable à Suippes au cours de mon existence. Mais c'était lors de notre premier voyage. Et plus tard, souvent, Hilde me demanderait à brûle-pourpoint :
- Tu te souviens de Suippes ?
C'était une des phrases de notre langage codé. La plus mystérieuse en somme, puisque cela signifiait si peu de chose, un goût de bonheur impalpable. La courte lettre qu'elle m'avait laissée avant de mourir, et que la police ni le juge d’instruction n'avaient - par quelle négligence ? - à aucun moment repérée (elle m'aurait pourtant disculpé, j'imagine, à moins d'être interprétée comme une preuve du crime, on ne peut jamais savoir, mais qu'est-ce que cela pouvait me faire ? Hilde m'avait quitté), cette lettre, ou plutôt ce billet, se terminait par la petite phrase magique : "Tu te souviendras de Suippes". N'était-ce pas comme si, sans colère, Hilde, m'accusant de sa mort, proclamait notre complicité, me pardonnait de vivre, puisque je ne serais jamais coupable, si je me souvenais de Suippes. On aurait dit que le nom de Suippes avait été tracé à la laque, il miroitait comme une enluminure. Quel symbole voulait-il figurer ? Celui du péché, celui de la rédemption, qu'importe. Ni péché ni rédemption. Rien que la pureté reconquise. L'essentiel, toujours, demeure ce qui n'est pas dit. »


« Hilde a souri :
- La sorcière nous a fait boire un philtre.
Au pied de la tour de Montalifant, nous avons acheté deux cartes-vues. Sur la première j'ai inscrit le nom et l'adresse de Hilde Idsega, Hôtel de la Loire, Blois (Loire-et-Cher). Sur la seconde, Hilde inscrivait : Jan Idsega, Hôtel de la Loire, Blois (Loire-et-Cher). Les cartes représentaient l'une et l'autre la même vue du château. Hilde a tracé les mots : "Je t'embrasse." De mon côté, j'ai écrit : "Moi aussi". Et j'ai signé. »


vendredi 8 août 2014

Life out of balance



Life out of balance - Essayer, ne serait-ce que pour quelque temps, de se persuader du contraire...


Et à tous ceux qui ne l'ont pas vu, je conseille vivement de regarder cet ovni cinématographique étonnant, impressionnant, effrayant qu'est Koyaanisqatsi...


dimanche 3 août 2014

HCB - 10 ans


Henri Cartier-Bresson est mort le 3 août 2004 à Montjustin, petit village des Alpes de Haute-Provence proche de Manosque et de Forcalquier, où il s'était installé à la fin de sa vie.

Montjustin, ancienne église Notre-Dame-des-Neiges, août 2014

Montjustin, ancien village fortifié progressivement abandonné après la deuxième guerre mondiale, a été redécouvert et rénové sous l'impulsion du poète et peintre Lucien Jacques, son ami Jean Giono et les cousins de ce dernier, les Fioro.

vendredi 1 août 2014