jeudi 29 juin 2017

Des phrases éblouissantes



"Je conserve un autre souvenir de cette malle : le premier roman d'amour qui me passionna. C'étaient des centaines de cartes postales envoyées par quelqu'un qui signait Enrique ou peut-être Alberto et qui toutes étaient adressées à Maria Thielman. Ces cartes étaient merveilleuses. Elles reproduisaient les portraits des grandes actrices de l'époque, sertis de paillettes et sur lesquels on avait collé parfois une poignée de cheveux. Il y avait aussi des châteaux, des villes et des paysages lointains. Durant des années, je ne m'intéressai qu'aux images. Mais devenu plus grand, je me mis à lire ces doux messages parfaitement calligraphiés. Je me suis toujours imaginé que le galant en question portait un chapeau melon, avec une canne et un brillant épinglé à sa cravate. Pourtant les lignes que le voyageur écrivait et envoyait de tous les coins du globe enthousiasmaient par leur passion. C'étaient des phrases éblouissantes et pleines d'audace amoureuse. Je commençai à m'éprendre à mon tour de Maria Thielman que je me représentais comme une actrice dédaigneuse sous son diadème de perles. Comment ces lettres étaient-elles arrivées jusqu'à la malle de ma mère ? Je n'ai jamais pu le savoir."

Pablo Neruda, J'avoue que j'ai vécu
 

mardi 27 juin 2017

Une plaine éblouissante



"De la hauteur où nous étions déjà, la mer n'apparaissait plus, ainsi que de Balbec, pareille aux ondulations de montagnes soulevées, mais, au contraire, comme apparaît d'un pic, ou d'une route qui contourne la montagne, un glacier bleuâtre, ou une plaine éblouissante, situés à une moindre altitude. Le déchiquetage des remous y semblait immobilisé et avoir dessiné pour toujours leurs cercles concentriques ; l'émail même de la mer, qui changeait insensiblement de couleur, prenait vers le fond de la baie, où se creusait un estuaire, la blancheur bleue d'un lait où de petits bacs noirs qui n’avançaient pas semblaient empêtrés comme des mouches. Il ne me semblait pas qu'on pût découvrir de nulle part un tableau plus vaste. Mais à chaque tournant une partie nouvelle s'y ajoutait, et quand nous arrivâmes à l'octroi de Doville, l'éperon de falaise qui nous avait caché jusque-là une moitié de la baie rentra, et je vis tout à coup à ma gauche un golfe aussi profond que celui que j’avais eu jusque-là devant moi, mais dont il changeait les proportions et doublait la beauté. L'air à ce point si élevé devenait d'une vivacité et d'une pureté qui m'enivraient. J'aimais les Verdurin ; qu'ils nous eussent envoyé une voiture me semblait d’une bonté attendrissante. J'aurais voulu embrasser la princesse. Je lui dis que je n'avais jamais rien vu d'aussi beau."
Marcel Proust, A la recherche du temps perdu


vendredi 23 juin 2017

Love streams


Ça tombe bien, moi aussi

Soupir(aill)er d'amour


mercredi 21 juin 2017

vendredi 9 juin 2017

A Séléné (2)



Ma pâle et douce amie,
je t'aime rarement autant
que sur les toits de Paris.


jeudi 8 juin 2017

Promenades (11) - Au Sud de l'Ouest (3)


Légère brise

Nicolas, peignez-moi la mer...

Quand il pleuvait sur le golfe


Et là, impression subite, comme une évidence, que je pourrais croiser ici Gaspard, en avance de quelques jours sur l'été, attendant que Margot ait fini son service à la Crêperie de la Lune pour aller avec elle se promener et converser dans les dunes...

jeudi 1 juin 2017

Rue du Poète



"Ornée d'un réverbère et d'une plaque bleue que le cantonnier repeint tous les ans, la Rue du Poète s'ouvre dans le faubourg nord." Ainsi débute une des évocations de Manosque contenues dans Sur un galet de la mer, ou Sous le regard bleu du Cyclope, qui regroupe des écrits de jeunesse de Giono (1923-1926). 

La plaque n'est plus bleue, et ce qui à l'époque était le faubourg nord fait maintenant partie de la vieille ville, mais la Rue du Poète est toujours là. 

Le seul habitant de la Rue du Poète que j'ai croisé, sur le pas de sa porte. J'aime à imaginer que c'est lui, le Poète.
 
Tandis que, un peu plus à l'est, beaucoup plus au nord,
une autre rue au beau nom...