vendredi 31 mars 2017

Rencontre (11)


L'Angoisse.
Son visage grimaçant enfin révélé.
Le voyez-vous aussi ?
(paréidolie quand tu nous tiens)

samedi 25 mars 2017

mercredi 22 mars 2017

Gobelins (18)


Soir de printemps, paraît-il.
Le doute et l'espoir.
Ou bien l'espoir et le doute, allez savoir...


dimanche 19 mars 2017

Tombe neige




"Ah! tombe neige
Tombe et que n’ai-je
Ma bien-aimée entre mes bras"


Guillaume Apollinaire, La blanche neige, in Alcools
 

mercredi 15 mars 2017

Garder la trace


Un destin solitaire

Nous fûmes deux, je le maintiens

lundi 13 mars 2017

La voix d'or (2) - Dédicace spéciale



Elle est ratée, cette photo. On ne voit même pas son visage. Et pourtant...
Et pourtant, je n'ai pas essayé de faire mieux. Pas besoin. Parce que la voix, la présence, la prestance magnifique du petit grand homme suffisaient à remplir l'espace, le cœur et les futurs souvenirs.
En rappel, il vient de réciter un ultime poème, Le Déserteur de Boris Vian, avec sa fin originelle :
Prévenez vos gendarmes
Que j'emporte des armes
Et que je sais tirer.
Magistral.
C'était Jean-Louis Trintignant, mardi dernier, à la salle Pleyel. 


Il était entouré de cinq excellents musiciens, la formation de Daniel Mille (trois violoncelles, une contrebasse et un accordéon). Une heure et demie de poésie sublimée par la voix d'or de Trintignant et la musique d'Astor Piazzolla, mots et notes mêlés de façon sobre, sensuelle, émouvante, élégante, intense.
Il fut bien sûr beaucoup question d'amour, et de mort aussi, la mélancolie en trait d'union. Jacques Prévert était à l'honneur, ainsi que, entre autres, Robert Desnos, Boris Vian, Guillaume Apollinaire, Raymond Carver, et aussi Gaston Miron, que je ne connaissais pas, avec une bouleversante Marche à l'amour :

Tu as les yeux pers des champs de rosées
Tu as des yeux d'aventure et d'années-lumière
La douceur du fond des brises au mois de mai [...]

D'Apollinaire ce fut la Scène nocturne du 22 avril 1915 (in Poèmes à Lou) :

Mon ptit Lou adoré Je voudrais mourir un jour que tu m’aimes
Je voudrais être beau pour que tu m’aimes
Je voudrais être fort pour que tu m’aimes
Je voudrais être jeune jeune pour que tu m’aimes
[...]


De Desnos, Aujourd'hui je me suis promené (in État de veille) :

Aujourd’hui je me suis promené avec mon camarade,
Même s’il est mort,
Je me suis promené avec mon camarade.

Qu’ils étaient beaux les arbres en fleurs,
Les marronniers qui neigeaient le jour de sa mort.
Avec mon camarade je me suis promené [...]

enchaîné, en écho, avec l'hommage rendu par Prévert :

Aujourd'hui

comme en 1925 comme en 1936 comme en 1943 dans la rue
Dauphine quand il allait chercher à manger pour ses chats de la rue
Mazarine avant d'être cravaté emporté déporté

tué

par la guerre la police la vacherie le typhus

je me suis promené avec
Robert
Desnos

oui je me suis promené avec lui
[...]



Une grande soirée. Merci Jean-Louis Trintignant. C'était bien.

* * *

Caro Papa, je te dédie ces quelques lignes, et ma soirée du 7 mars. Car tu aurais aimé, toi aussi, être là, j'en suis sûre. Tu adorais l'accordéon, Piazzolla, le tango. Tu aimais Vian, Prévert, d'ailleurs dans ma bibliothèque, ces traces très présentes de tes lectures de jeune homme...



Et puis Trintignant aussi, évidemment, tu l'aimais. Le Fanfaron, Le Conformiste, tu te souviens ? Trintignant, c'est ta génération, et si tu n'étais pas parti ce 13 mars, il y a quatorze ans, tu aurais à peu près son âge, à peine quelques années de moins. Alors, mardi soir, c'était aussi un peu toi que je regardais, que j'écoutais...



Jardin des Plantes (à quatre pas de ta maison), 12 mars 2017.
Comme il y a quatorze ans, un temps de printemps.
Qu’ils étaient beaux les arbres en fleurs,
Les marronniers qui neigeaient le jour de sa mort.

lundi 6 mars 2017

vendredi 3 mars 2017

Un croisement entre un renard et un nuage



"Est-il possible qu’il n’existe que dix exemplaires au monde de ces comics ?
Bien que Kirsten en ait pris grand soin, ils sont maintenant cornés et usés sur les bords. Le premier numéro s’ouvre sur un dessin en double page. Le Dr Eleven est perché sur de sombres rochers dominant une mer indigo au crépuscule. Des bateaux naviguent entre les îles, des éoliennes tournent à l’horizon. Il tient son chapeau de feutre à la main. Un petit animal blanc est assis à côté de lui. (Plusieurs membres de la Symphonie, parmi les plus anciens, ont confirmé qu’il s’agissait d’un chien, mais Kirsten n’en a jamais vu de semblable. Il s’appelle Luli. On dirait un croisement entre un renard et un nuage.) Au bas de l’image, il y a une ligne de texte : Je parcourus du regard mon domaine endommagé, essayant d’oublier la douceur de la vie sur la Terre."

* * *

"En fin d'après-midi, elle trouva dans sa poche un bout de papier plié en deux. Elle reconnut l'écriture d’August.

Un fragment pour mon amie...
Si ton âme quittait cette terre, je la suivrais pour te rejoindre
Silencieux, mon vaisseau spatial suspendu dans la nuit

Elle lisait un de ses poèmes pour la première fois et en fut prodigieusement émue. « Merci », lui dit-elle quand elle le revit. Il se borna à hocher la tête."

* * *

"Ils passèrent la nuit sous un arbre, à proximité du pont, allongés côte à côte sur le plastique d'August. Kirsten dormit d'un sommeil agité ; chaque fois qu'elle se réveillait, elle avait conscience du paysage désertique, du manque de gens, d'animaux et de caravanes autour d'elle. L'enfer, c'est l'absence de ceux qu'on voudrait tant avoir auprès de soi."