mercredi 26 avril 2017

Fuga mundi


Soir d'avril à Banon, douceur des lieux et du Temps


"Fais comme moi : romps avec l'extérieur, vis comme un ours - un ours blanc - envoie faire foutre tout, tout et toi-même avec, si ce n'est ton intelligence."

Gustave Flaubert, lettre du 16 septembre 1845 à son ami Alfred Le Poittevin

jeudi 20 avril 2017

lundi 17 avril 2017

La tentation mauve (2)


Y aura rien de mieux, rien de mieux après



vendredi 14 avril 2017

Premier lecteur


Burt Glinn, "Françoise Sagan et son premier lecteur" (1958)

dimanche 9 avril 2017

Variations Choiseul



On a déjà évoqué, notamment ici, le passage Choiseul, sous le nom que lui donne Céline, Passage des Bérésinas. On y avait croisé Nestor Burma et Jean-Claude Brialy.

Entrée rue Saint-Augustin

Le bar ci-dessus, situé à l'extrémité nord du passage Choiseul, qui donne sur la rue Saint-Augustin, existait-il déjà du temps de Verlaine ? Y a-t-il bu des verres d'absinthe ? Le poète a en tout cas fréquenté le passage.  

En effet, dans les années 1860, le libraire Alphonse Lemerre, qui devient ensuite éditeur, installe sa boutique dans un petit local situé au numéro 23.

En cliquant sur cette photographie d'époque pour l’agrandir,
on distingue bien l’enseigne de la Librairie Lemerre.
Le 23 passage Choiseul aujourd'hui

C'est lors d'une réunion en ce lieu en 1866 qu'est trouvé le nom de la revue dans laquelle seraient publiés dans les dix années à venir les textes d'une centaine de poètes : Le Parnasse contemporain. Le mouvement des Parnassiens était né. Verlaine, qui publiera chez Lemerre trois recueils dont les Poèmes saturniens, est comme Baudelaire et Mallarmé, considéré comme associé au mouvement, plutôt qu'un véritable Parnassien. Parmi ces derniers, le poète François Coppée. Auquel Verlaine consacre une de ses Dédicaces, poème où sont évoqués le passage Choiseul de ces années-là (ce Soixante-sept à ce Soixante-dix) et Alphonse Lemerre.

Paul Verlaine, A François Coppée

On remarquera que Verlaine écrit "les" passages. Est-ce pour lui conférer une certaine universalité, une dimension de lieu générique, dans ce quartier où les passages abondent ? Le passage Choiseul symbole de tous les passages ? Ou bien est-ce parce que Verlaine inclut ainsi le petit passage Sainte-Anne, qui relie le passage Choiseul à la rue Sainte-Anne ?

Le passage dans le passage. L'austère et discret Sainte-Anne, vu...
... du brillant et fier Choiseul

On avait déjà croisé Baudelaire tout près, rue Sainte-Anne, et il n'est pas étonnant que nous le croisions aussi en nous promenant dans le passage Choiseul, d'autant plus que lui aussi a été édité par Alphonse Lemerre.


La curiosité pousse bien sûr à se demander quelle est l'origine du nom du passage. Remontons un peu le temps. Ouvert en 1827, le passage Choiseul doit son appellation à Marie-Gabriel-Florent-Auguste de Choiseul Gouffier (1752-1817). Celui-ci, appartenant à la célèbre Maison de Choiseul (du nom de Choiseul-en-Bassigny, village de Haute-Marne berceau de cette illustre famille), fut ambassadeur et ministre. Mais c'était aussi un explorateur et un écrivain, membre de l'Académie française, dont l'un des principaux ouvrages s'intitule "Voyage pittoresque en Grèce".

Il obtint l'autorisation d'ouvrir sur son terrain une impasse, qui devint en 1779 la rue de Choiseul, laquelle fut prolongée en 1827 par notre passage. 


La célèbre famille, dont les origines remontent au 11ème siècle, a compté nombre d'autres personnages notables, notamment des ministres, des parlementaires, des ecclésiastiques. Parmi ces derniers, Christophle de Choiseul, abbé des Mureaux et aumônier du roi, auquel Ronsard dédie une Ode en 1554 :

Mon Choiseul, lève tes yeux,
Ces mesmes flambeaux des Cieux,
Ce Soleil et ceste Lune,
C'estoit la mesme commune
Qui luisoit à nos ayeux.



Ce Christophle de Choiseul, dont la vie fut semble-t-il fort éloignée de l'austérité monacale qu'on aurait pu attendre de ses fonctions, était le protecteur et mécène de Rémi Belleau, autre poète de la Pléiade, et c'est vraisemblablement ce dernier qui l'a présenté à Ronsard. En 1556, Ronsard écrit en préface aux Odes d'Anacreon, traduites de Grec en François de Belleau, ouvrage dédicacé à Choiseul, un texte incisif à charge de ceux qui se prétendent écrivains intitulé A Christophle de Choiseul, son ancien amy, qu'il inclura ensuite dans Le Second Livre des Poemes.

Non, je ne me deuls pas qu'une telle abondance 
D'escrivains aujourd'huy fourmille en nostre France : 
Mais, Choiseul, je me deuls que tous n'escrivent bien,
Sans gaster ainsi l'encre et le papier pour rien,
Poussés plus d'une ardeur que polis de doctrine,
Le plus certain rempart de l'humaine poitrine.



Nous avons dérivé un peu loin, n'est-ce pas... Mais le passage est long. 190 mètres. Le plus long des passages couverts parisiens. En prenant le rythme d'un flâneur, on avait donc bien le temps de s'attarder un peu.


Certes les commerces de restauration rapide ont remplacé les libraires, les marchands d'oranges ou de parchemins rares et les gantières. Pourtant, notre cher passage sait nous ménager quelques surprises éphémères...


Le passage Choiseul nous a donc promenés au hasard des bars, de Ronsard à Godard, en passant par Verlaine, Baudelaire et d'autres... Je l'emprunte deux fois par jour, et il n'est pas rare que j'entende un de ces fantômes bienveillants et bien vaillants me murmurer quelques mots à l'oreille, comme par exemple lorsque je lève les yeux...

Mon Choiseul, lève tes yeux...

dimanche 2 avril 2017

We'll always have Paris (2)



Il est des lieux, des heures, des lumières, qui font que les clichés peuvent tourner au cliché, au sirop, voire au cauchemar... Mais bon, quand même. Pour célébrer ce début d'avril.