lundi 30 septembre 2013

9 minutes 43 secondes


"Franz avait lu dans France-Soir qu'un Américain avait mis 9'45" pour visiter le musée du Louvre. Ils décidèrent de faire mieux. En 9'43", Arthur, Odile et Franz avaient battu le record établi par Jimmy Johnson de San Francisco".
Bande à part, Jean-Luc Godard 

"Pour Innocents, je voulais que Jean-Luc m'autorise à utiliser des extraits d'A bout de souffle et de Bande à part, quitte à lui verser des droits d'auteur. Quelques jours plus tard, je reçois un petit mot: "Bernardo, évidemment que tu peux prendre ce que tu veux de mes films, mais sache une chose: il n'y a pas de droits d'auteur. Il n'y a que des devoirs d'auteur".
Bernardo Bertolucci, propos cités par Le Monde du 17 septembre

Quant à Godard, il semble qu'il n'ait pas demandé l'autorisation du Louvre pour tourner la scène...

 

dimanche 29 septembre 2013

Une brèche dans le temps



"Mais les dimanches, surtout en fin d'après-midi, et si vous êtes seul, ouvrent une brèche dans le temps. Il suffit de s'y glisser."
Patrick Modiano, L'herbe des nuits

samedi 28 septembre 2013

Actrice



Il fut un temps où Brigitte Bardot était... actrice.

« Le véritable Et Dieu... créa la femme, c'est Godard qui l'a tourné, et cela s'appelle Le Mépris. [...] Ce que Vadim a imaginé dans son premier film, mais n'a plus été capable de réaliser, ce que Louis Malle a raté dans Vie privée, Godard l'a réussi. Le Mépris est le film de Bardot, parce qu'il est le film de la femme telle que Godard la conçoit et telle que Bardot l'incarne. Si le phénomène Bardot doit représenter plus tard quelque chose dans l'histoire du cinéma, au même titre que Garbo ou Dietrich, c'est dans Le Mépris qu'on le trouvera. Je ne sais dans quelles conditions le tournage a eu lieu ni si Bardot et Godard se sont bien entendus. Le résultat est là : il y a rarement eu entente aussi profonde (consciente ou non-consciente, je suppose, chez Godard) entre une actrice et son metteur en scène. »

Jean-Louis Bory, Des yeux pour voir

mercredi 25 septembre 2013

Patrick Modiano m'enchante toujours...


... qu'il écrive des romans, bien sûr et avant tout, ...

... mais aussi des chansons malicieuses pour la douce Françoise des sixties...


... ou qu'il soit lui-même sujet de chanson, quand ça donne le magnifique Baiser Modiano de Vincent Delerm.

"C'est le soir où je repensais
A la veille du bac de français
'En vous appuyant sur le champ
Lexical de l'enfermement
Vous soulignerez la terreur
Dans le regard du narrateur'
Dans les pages cornées d'un folio
Voyage de noces de Modiano

Et le baiser qui a suivi
Sous les réverbères, sous la pluie
Devant les grilles du square Carpeaux
Je l’appelle Patrick Modiano"

lundi 23 septembre 2013

Un été violent



Parce que c'est aujourd’hui l'automne, et pour dire au revoir à l'été
Parce que c'est aujourd'hui l'anniversaire de naissance d'Eleonora Rossi Drago
Parce que dans une vie rêvée des anges on pourrait être la fiancée de Trintignant
Parce qu'on a grandi dans le cinéma italien
Parce que le bouleversant et sublime Estate violenta est un de nos films préférés

On regardera une fois de plus ces moments de grâce et de sensualité infinies


dimanche 22 septembre 2013

Le petit Balthus

Thérèse rêvant - Met - Eté 2012

Christine : Tiens, prends le petit Balthus.
Antoine : Ah, le petit Balthus, je te l'ai offert, il est à toi, garde-le.
Domicile Conjugal, François Truffaut




jeudi 19 septembre 2013

Les grands chemins

Lure, la « montagne magique »

« Le soleil n'est jamais si beau qu'un jour où l'on se met en route. »




mercredi 18 septembre 2013

Le jour où...(2)


Le jour où j’ai fait le rêve étrange que Jean-Pierre Léaud et Louis Garrel ne faisaient qu’un, je ne savais pas encore que six mois plus tard, j’apprendrais par hasard que l’un était le parrain de l’autre.

lundi 16 septembre 2013

Secrets et chuchotements

Jeune lavandière songeuse - Ernest Hébert

« Forcalquier digérait le scandale, l’assimilait, bientôt il n’y paraîtrait plus. Cette ville possédait un pouvoir d’absorption et d’oubli. Elle était fuyante et légère comme de l’eau tenue en main. Des sérénades muettes s’y jouaient devant des persiennes closes. Un pas rapide, mais qui ralentissait, signifiait : « je t’aime ». Une crémone qui grinçait, chantait : « je t’attends », mieux qu’un menuet de Mozart. Elle grinçait plusieurs fois pour dire : « à samedi » ou : « à dimanche ». Le coin d’un tablier de lavandière hardiment corné à la ceinture par une épingle à linge valait un télégramme-réponse payé pour quelque nonchalant qui musait le nez au vent et feignait de s’intéresser à quelque partie de boules. « Espère dix minutes et suis-moi », chuchotait ce tablier laborieux. »
Pierre Magnan, Les charbonniers de la mort

Forcalquier

mardi 10 septembre 2013

Le jour où...(1)



Le jour où je suis tombée par hasard, dans le cadre professionnel, sur une liste contenant un Frédéric Mouret, je suis restée rêveuse et perplexe jusqu’à ce que je réalise que ce nom m’évoquait comme une synthèse de Frédéric Moreau et Emmanuel Mouret. J’attends maintenant la Frédérique, Virginie ou Judith Arnoux.



lundi 9 septembre 2013

Une piste de mon passé

Rome, janvier 2012

"- Et vous, Guy, qu'est-ce que vous allez devenir ? me demanda-t-il après avoir bu une gorgée de fine à l'eau.
- Moi, je suis sur une piste.
- Une piste ?
- Oui, une piste de mon passé..."
Patrick Modiano, Rue des Boutiques Obscures

dimanche 8 septembre 2013

Voir Syracuse (53), peindre Syracuse (54), mourir (55)

Plage de Syracuse - 1954




"Moi, je suis corps et âme devenu un fantôme qui peint des temples grecs et un nu si adorablement obsédant sans modèle, qu'il se répète et finit par se brouiller de larmes. Ce n'est pas atroce, mais on touche souvent sa limite. Quand je pense à la Sicile, qui est elle-même un pays de vrais fantômes, où les conquérants seuls ont laissé quelques traces, je me dis que je suis dans un cercle d'étrangetés dont on ne se sort jamais."
(Nicolas de Staël, lettre à René Char, novembre 1953)

"Entre la réalité et moi, il s'est bâti un mur opaque, lourd, pesant. Il faut que je vous décrive ce mur. A droite, plus d'ouverture. A gauche, un peu de lumière. Pour arriver à passer par là, pour trouver la lumière, je dois me débarrasser de ma carcasse d'homme... Peignez ce mur, mon obsession. Peignez-le si vous pouvez."
(Nicolas de Staël, lettre à une amie peintre, 1954)


"... Nicolas de Staël, nous laissant entrevoir son bateau imprécis et bleu, repartit pour les mers froides, celles dont il s’était approché, enfant de l’étoile polaire."
(René Char, Excursion au village, dans Aromates chasseurs, 1976)

Quant à Aragon, il exprimera en rimes ses regrets d'avoir volontairement ignoré Nicolas de Staël :

"J’ai connu Gris et je connais Chagall
J’ai connu Miró Max Ernst André Masson Fernand Léger
J’ai passé sans le voir Nicolas de Staël
On ne prend pas à coup sûr la modulation de fréquence qu’il faudrait"
(Écrits sur l’art moderne, 1981)

samedi 7 septembre 2013

Autre chose qu'un playboy ou un G-Man



"Vous êtes un très grand acteur, l’acteur poétique dont le cinéma actuel avait besoin depuis que Hollywood est devenu incapable de recruter autre chose que des playboys ou des G. Men." 
François Truffaut, lettre à Terence Stamp, 1965


mercredi 4 septembre 2013

Explosion



"Une prophétie du désastre atomique qui punira la société de consommation pour avoir permis que Thanatos l'emportât sur Eros, que la fin, à savoir l'homme, devînt le moyen et que le moyen, à savoir le profit, devînt la fin".

Alberto Moravia (cité par Aldo Tassone, dans Antonioni), à propos de l'explosion hallucinante et magistrale qui conclut Zabriskie Point.

 

mardi 3 septembre 2013

Mort d'une actrice


On apprend le décès hier de Valérie Benguigui, à 47 ans.
Je ne crois pas l’avoir vue dans beaucoup de films, mais je l’avais trouvée magnifique et extrêmement émouvante dans le film d’Axelle Ropert « La famille Wolberg ». Chronique sensible et nostalgique non dénuée d’une belle fantaisie, sur fond de musique soul déchirante, où elle joue le rôle de la mère, aux côtés de François Damiens.
Pour lui rendre hommage, ce sublime « Let me down easy », qui est « sa » chanson dans le film. Par un de ces étranges faits du hasard, cette chanson est de 1965, année de naissance de Valérie Benguigui.

dimanche 1 septembre 2013

"Tout était différent Rue Campagne Première..."

Aujourd'hui, je suis allée me promener rue Campagne Première. C'est connu, presque chaque numéro a une histoire. Je n'en ai gardé que quelques-uns, les plus emblématiques - pour moi, en tous cas. Et puis ce sera peut-être l'occasion d'y revenir une autre fois.



Le 11, c'est l'immeuble où est Michel Poiccard dans A bout de souffle, d'où il sort pour sa mortelle course finale au bout de la rue. 
Au 13 bis, juste à côté, a séjourné Nicolas de Staël en 1945 et 1946, dans un minuscule studio. Années de vaches très maigres.


Au rez-de-chaussée du 11, cette Rose de Java, encore un de ces antres que ne renieraient pas nos amis de la Librairie Entropie.











Partant de la rue Campagne Première, ce Passage d'Enfer... qui semble bien mal porter son nom, tant on a l'impression d'être dans une paisible rue de province. C'est une ancienne cité ouvrière.




Et puis on a fait un détour par la Rue des Artistes. Est-on vraiment à Paris ?




Et le 7 de la rue Gauguet, où Nicolas de Staël emménage à partir de 1947.