vendredi 30 septembre 2016

Sur la Lune, nous avons tout




Elle me plaisait bien, ma maison sur la Lune, et la dotai d'un âtre et l'entourai d'un jardin (qu'y fleurirait-il, que pousserait-il sur la Lune ? Il fallait que je le demande à Constance), et je déjeunerais dehors, dans mon jardin sur la Lune. Les objets brillaient d'un vif éclat, sur la Lune, et leurs couleurs étaient étranges ; ma petite maison serait bleue.

* * *

- Tu sais, dit Constance en soulevant le couvercle d’une marmite posée sur la cuisinière, je crois que nous pourrons bientôt ramasser des laitues ; le temps est resté si doux.
- Sur la Lune..., fis-je, puis je me tus.
- Sur la Lune, dit Constance en se tournant pour me sourire, tu as des laitues toute l’année, peut-être ?
- Sur la Lune, nous avons tout. Des laitues, des tourtes à la citrouille et des amanites phalloïdes. Nous avons des plantes velues et des chevaux qui dansent en battant des ailes. Toutes les serrures sont robustes et inviolables, et il n’y a pas de fantômes. Sur la Lune, Oncle Julian serait en bonne santé et le soleil brillerait tous les jours. Tu porterais les perles de notre mère et tu chanterais, et le soleil brillerait tout le temps. 





On trouvera ICI une belle critique de ce petit bijou noir.

mardi 27 septembre 2016

dimanche 25 septembre 2016

Promenades (10) - Sur les traces de François et Victor



A priori, une place François Truffaut dans le 5ème arrondissement a de quoi surprendre, quand on connaît un peu Paris et qu'on sait que la rue François Truffaut, ouverte il y a une vingtaine d'années dans le nouveau quartier de Bercy, pas très loin de la Cinémathèque, se trouve donc dans le 12ème arrondissement.
(On évitera aussi la confusion avec la rue Truffaut du 17ème arrondissement, dans le quartier des Batignolles, qui doit son nom au propriétaire d'un terrain sur lequel elle a été créée, au 19ème siècle.)


Cette plaque se découvre en fait derrière les murs de l'Institut National de Jeunes Sourds de Paris, situé à l'angle de la rue Saint-Jacques et de la rue de l'Abbé-de-l'Epée. Une place intérieure en quelque sorte, en hommage au réalisateur qui y tourna en 1969 une partie de son film L'Enfant Sauvage, sorti en 1970. Une autre plaque commémore d'ailleurs explicitement le tournage en ces lieux, qui dura huit jours.


C'est par un dimanche de septembre qu'on a poussé la porte de l'INJS, pour découvrir ce bel endroit dont l'origine remonte au 13ème siècle, où il fut créé pour servir de refuge et d'hôpital aux pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle. Devenu abbaye au 17ème siècle, époque de laquelle date la configuration actuelle des bâtiments, il accueille à partir de la fin du 18ème siècle un institut pour les enfants et les jeunes adultes sourds et muets.


Ce n'est pas par hasard que Truffaut situe en ces lieux plusieurs scènes de L'Enfant sauvage. On sait que le film relate l'histoire vraie d'un enfant d'une dizaine d'années trouvé en 1798 par des paysans dans une forêt de l'Aveyron, à l'état sauvage, ne sachant ni marcher ni parler. Il est recueilli par le Docteur Itard, médecin de l'institution de la rue Saint-Jacques, qui le prénomme Victor et va entreprendre son éducation, notamment son apprentissage du langage. Truffaut a voulu son film fidèle aux rapports rédigés par le Docteur Itard, dont il joue lui-même le rôle.

L'arrivée de Victor rue Saint-Jacques, où il est accueilli par le Docteur Itard.

Quelque 45 ans après, on a reconnu les lieux du tournage.








 


A propos du bassin de l'Oratoire, au bord duquel La Fontaine aurait composé Le corbeau et renard, le docteur Itard note dans un de ses rapports : « Ainsi, lorsque la rigueur du temps chassait tout le monde du jardin, c’était le moment qu’il choisissait pour y descendre. Il en faisait plusieurs fois le tour et finissait par s’asseoir au bord du bassin. Je me suis souvent arrêté pendant des heures entières et avec un plaisir indicible, à l’examiner dans cette situation ; à voir comment tous ces mouvements spasmodiques et ce balancement de tout son corps diminuaient, s’apaisaient par degrés, pour faire place à une attitude plus tranquille ».


On ne manquera pas de noter, pour terminer, que le film est dédié à Jean-Pierre Léaud.
"Jusqu'à L'Enfant sauvage, quand j'avais eu des enfants dans mes films, je m'identifiais à eux et là, pour la première fois, je me suis identifié à l'adulte, au père, au point qu'à la fin du montage, j'ai dédié le film à Jean-Pierre Léaud, parce que ce passage, ce relais, devenait complètement clair pour moi, évident. J'ai beaucoup pensé à lui, aux 400 coups, en tournant ce film. Pour moi, L'Enfant sauvage, c'est aussi un passage dans le camp des adultes. Jusqu'à présent, je me considérais dans celui des adolescents." (François Truffaut)


En remerciant J. et F. pour leur bienveillante et inspirante collaboration.

mardi 20 septembre 2016

Je suis votre enfant


Le 29 mars 2016 à la Cigale, Vincent Delerm et Alex Beaupain

Rue des souvenirs, rue de l'enfance. Une enfance en province. Je vous invite à écouter cette belle et émouvante chanson composée par Vincent Delerm pour Alex Beaupain.




La rue Battant se trouve à Besançon, mais à chacun sa rue Battant...



Et vous, au fait, quelle est la vôtre ?

dimanche 18 septembre 2016

jeudi 15 septembre 2016

Ferroviaire



           "Un train
            Qui roule
            La vie
            S'écoule"


mardi 13 septembre 2016

Bougies (3)


La Nuit américaine, François Truffaut (1973)

Noël 69 à Clermont-Ferrand souhaite un bel anniversaire à Mademoiselle Bisset...

La Femme du dimanche, Luigi Comencini (1975)

... tout en saluant au passage ses partenaires à l'écran. Tant de classe, tout de même !

Le Magnifique, Philippe de Broca (1973)

mercredi 7 septembre 2016

jeudi 1 septembre 2016

De la céleste et réjouissante fantaisie de Jean-Pierre Léaud




"Quelqu’un appela Jean-Luc. C’était Jean-Pierre Léaud, l’air un peu égaré, qui se trouvait en compagnie de Chris Marker et de la petite équipe technique de ciné-tracts qui rendaient compte au jour le jour des événements depuis le début du mois de mai. (...) 

Les pavés continuaient à passer de main en main. Jean-Luc et moi faisions de notre mieux pour suivre ce rythme infernal. Or cette belle mécanique cessa vite de fonctionner : Jean-Pierre, entre chaque pavé, essuyait ses mains avec un mouchoir qu’il tenait entre ses dents. On l’éjecta en le traitant de saboteur. (...)


L’attaque fut massive. Les portes du jardin du Luxembourg s’ouvrirent d’un coup, libérant des centaines de policiers, la matraque levée. Ceux d’entre nous qui se trouvaient le plus près tombèrent les premiers sous leurs coups. Les étudiants avaient aussitôt quitté la chaîne pour rejoindre leurs camarades derrière la première barricade de la rue Soufflot. Jean-Luc m’avait prise par la main et m’entraînait au hasard, vers le boulevard Saint-Michel. Nous étions une trentaine à nous enfuir, affolés, terrorisés. Jean-Pierre Léaud, derrière nous, ne cessait de hurler au secours, demandant aux habitants du quartier de l’abriter. Rue Racine, il tambourina en vain contre la porte fermée d’un hôtel en criant: « Je prends une chambre pour la nuit... Pour une semaine... Pour un mois ! »"

Anne Wiazemsky, Un an après (Gallimard)



Photographie Bruno Barbey - Nuit du 10 au 11 mai 1968, Quartier Latin