mardi 31 décembre 2013

Les platanes du temps


Lumière dorée de soleil d'hiver. C'est depuis le pays de Jean Giono, au pied de la Montagne de Lure, que je souhaite à mes amis et lecteurs de Noël 69 à Clermont Ferrand une excellente année 2014.


Que cette année nouvelle soit, selon vos désirs, douce ou ardente, paisible ou passionnée, peut-être tout ça à la fois.
Sous le signe du sud
Sous le signe de l'espérance
Sous le signe du rêve
Sous le signe du temps
Qu'elle ait, pourquoi pas, la beauté calme et lumineuse d'un poème de Jérôme Leroy :

Ça se lève toujours à la fin
L'avenue en pente douce
Descend vers les années soixante
A chaque numéro insensiblement
Un détail entre les platanes
Indique le reflux du temps
L'avenue en pente douce
Descend vers l'estuaire bleu et or
On entend maintenant du twist
Un Tepaz respire par la fenêtre
Au troisième étage du 120
Et c'est une petite MG qui descend
L'avenue en pente douce
Bientôt l'estuaire bientôt le bleu et or
Les platanes du temps respirent
L'après-midi est si calme
Bientôt l'estuaire bientôt le temps
L'avenue en pente douce
Descend vers les années soixante
Ça se lève toujours à la fin.

Et pour terminer 2013 en musique, quelques notes venues d'encore un peu plus au sud, un peu plus à l'est.


lundi 30 décembre 2013

Une sorte de pari allègre entre la chance pure et soi-même


« Mais là, nous nous éloignons du plaisir, c’est-à-dire de la vitesse considérée comme un plaisir, ce qui est finalement la meilleure définition. Disons-le tout de suite comme Morand, comme Proust, comme Dumas, ce n’est pas un plaisir trouble, ni diffus, ni honteux. C’est un plaisir précis, exultant et presque serein d’aller trop vite, au-dessus de la sécurité d’une voiture et de la route qu’elle parcourt, au-dessus de sa tenue au sol, au-dessus de ses propres réflexes, peut-être. Et disons aussi que ce n’est pas, justement, une sorte de gageure avec soi-même dont il s’agit, ni d’un défi imbécile à son propre talent, ce n’est pas un championnat entre soi et soi, ce n’est pas une victoire sur un handicap personnel, c’est plutôt une sorte de pari allègre entre la chance pure et soi-même. Quand on va vite, il y a un moment où tout se met à flotter dans cette pirogue de fer où l’on atteint le haut de la lame, le haut de la vague, et où l’on espère retomber du bon côté grâce au courant plus que grâce à son adresse. Le goût de la vitesse n’a rien à voir avec le sport. De même qu’elle rejoint le jeu, le hasard, la vitesse rejoint le bonheur de vivre et, par conséquent, le confus espoir de mourir qui traîne toujours dans ledit bonheur de vivre. C’est là tout ce que je crois vrai, finalement : la vitesse n’est ni un signe, ni une preuve, ni une provocation, ni un défi, mais un élan de bonheur. »

vendredi 27 décembre 2013

Tempêtes

Accident - 1967

De Dirk à Erich, ou quand, par le hasard des noms, le temps qu'il fait nous fait remonter le temps qui passe.

La grande illusion - 1937

jeudi 26 décembre 2013

Passage des Bérésinas



Lieu charmant et éminemment littéraire que le Passage Choiseul.
Dans Mort à crédit, Louis-Ferdinand Céline, qui y passa une partie de son enfance, sa mère y tenant une boutique, le rebaptise Passage des Bérésinas et ne le décrit certes pas de façon très flatteuse :
« On avait beau répandre du soufre, c’était quand même un genre d’égout le Passage des Bérésinas. La pisse ça amène du monde. Pissait qui voulait sur nous, même les grandes personnes ; surtout quand il pleuvait dans la rue ». 


C'est à deux pas, rue des Petits-Champs, qu'est située l'agence Fiat Lux de Nestor Burma, et le Passage Choiseul apparaît dans M'as-tu vu en cadavre ?


Passage musical et théâtral, aussi, puisque dans le Passage Choiseul se trouve le Théâtre des Bouffes Parisiens, qui fut dirigé par Jacques Offenbach, et, pas mal d'années plus tard, par Jean-Claude Brialy.


mardi 24 décembre 2013

You're innocent when you dream



C'est avec Tom Waits et le chaleureux et émouvant film Smoke de Wayne Wang, tiré du Conte de Noël d'Auggie Wren de Paul Auster, que Noël 69 à Clermont Ferrand souhaite de très bonnes fêtes à ses lecteurs, les occasionnels et particulièrement les fidèles, les discrets et ceux qui ont la gentillesse de déposer ici quelques mots doux de temps en temps.


samedi 21 décembre 2013

Ma "liste de Hugues"


Un ami cher, libraire de surcroît, m'ayant, dans le cadre d'une de ces "chaînes" qui circulent sur les réseaux sociaux, invitée à "lister, sans trop réfléchir, dix livres qui m'ont d'une façon ou d'une autre marquée", j'ai d'abord un peu renâclé, parce que je n’aime pas les chaînes, et puis je ne suis au fond pas très joueuse, et sortir comme ça une liste, à la demande, ne me disait guère. Et puis finalement, peut-être (ou pas ?) parce qu'il s'agissait de livres, et tout en restant consciente des limites de l'exercice (seulement dix livres marquant sur toute une vie !), je me suis finalement prise au jeu et j'ai fait ma liste - tout en trichant plusieurs fois : j'ai rompu la chaîne, en n'invitant personne dans la ronde, et j'ai donné treize titres au lieu de dix. Et en m'imposant par ailleurs quelques règles : ne choisir que des romans, et ne pas citer plusieurs fois le même auteur.

Alors voici ma liste, en vrac, sans ordre de présentation ni de prétention d'exhaustivité. Elle mêle des découvertes récentes à des livres lus il y a vingt ou trente ans, qui ne me toucheraient pas forcément, aujourd'hui, ou disons pas autant. Sachant aussi qu'à peine la liste terminée il me venait, évidemment, bien d'autres titres à l'esprit... 

Le Comte de Monte-Cristo (Alexandre Dumas)

La Chartreuse de Parme (Stendhal)
Les Liaisons dangereuses (Choderlos de Laclos)
Les Hauts de Hurlevents (Emily Brontë)
Que ma joie demeure (Jean Giono)
Chroniques martiennes (Ray Bradbury)
Ada ou l’ardeur (Nabokov)
Le Désert des tartares (Dino Buzzati)
La Minute prescrite pour l’assaut (Jérôme Leroy)
Dans le café de la jeunesse perdue (Patrick Modiano)
Léviathan (Paul Auster)
Lignes de faille (Nancy Huston)
Jeunes femmes rouges toujours plus belles (Frédéric H. Fajardie)

lundi 16 décembre 2013

Passage des Postes

Décembre 2013 - Les postes commencent à s'estomper dans le flou du temps...

Alors que le courrier semble être condamné à une inexorable dématérialisation, et que la circulation de papier entre des êtres humains pourrait bien n'être bientôt plus qu'un souvenir, ce Passage des Postes fera sans doute bientôt figure de vestige archéologique. Donnant sur la bruyante et animée rue Mouffetard, il a d'ailleurs le charme calme et discret de temps révolus, une esquisse de province à Paris.


Et qu'importe après tout si le nom de ce passage vient en fait, paraît-il, d'une déformation de "poteries", puis "pots" (en raison de poteries gallo-romaines qui furent découvertes dans cet endroit de la montagne Sainte-Geneviève).
Il me plaît à croire que ces postes-là sont bien celles qui acheminent et distribuent, pour combien de temps encore, la lettre tant attendue, la carte postale surprise envoyée depuis l'autre bout du monde... ou bien depuis la rue d'à côté, le journal auquel on est fidèlement abonné depuis plus de vingt ans. Il n'est pas interdit d'agrémenter la réalité d'un peu de rêve et de fantaisie, n'est-ce pas...
 
Et pour ceux qui sont quand même réfractaires à l'invention et à l'imagination, qui ne veulent que du concret et du réel, rappelons que, en vrai, le Passage des Postes abrite un des repaires d'Olrik.

L'affaire du collier - Blake et Mortimer - E.P. Jacobs

dimanche 15 décembre 2013

Le jour où...(5)


Le jour où, sur la table d'une librairie, ce livre a accroché mon regard, j'ai ressenti, l'espace d'un instant, comme un sentiment bizarre d'incrédulité mêlée d'une légère angoisse. Savoir que planait sur la famille l'ombre des prospérités du vice était déjà un peu inquiétant, y ajouter la dépravation des mœurs, voilà qui commençait à faire beaucoup. Jusqu'à ce que je me ressaisisse de ce bref accès d'égocentrisme, et que finalement toute ambiguïté soit définitivement levée lorsque j'ai retourné le livre pour lire la quatrième de couverture, car, bien sûr... c'est d'Italie qu'il s'agit ici. Ce récit, sous la forme d'une lettre adressée à "Madame la Comtesse", est extrait de Voyage d'Italie, écrit en 1775.

"Qu’attendre d’une telle nation, et que diraient le Dante, Pétrarque, Machiavel, Michel-Ange et tant d’autres, s’ils revenaient dans cette ancienne patrie des arts et qu’ils vissent l’abjection et l’anéantissement où ils sont maintenant réduits?"

Et, hasard des noms à nouveau, en lisant ce petit recueil on a souri en pensant que, par un étrange clin d’œil du temps, la route du Marquis avait peut-être croisé, qui sait, celle de notre cher Jean-Luc...

"J'ai dit qu'il y avait peu de jolies femmes à Florence. J'eus dans le séjour que j'y fis plusieurs occasions de les voir toutes réunies. Trois étrangères l'emportaient et aucune femme du pays ne pouvait seulement leur être comparée. [...]
La troisième était une autre Anglaise, femme d'un Français nommé Godard, homme d'esprit, auteur de plusieurs bonnes critiques, auquel il était arrivé des aventures fâcheuses."


Portrait de Dante devant Florence et allégorie de la Divine Comédie, par Domenico di Michelino (1465) 

samedi 14 décembre 2013

Solitude (2)


« Ce n’est pas une histoire de cécité, mais de solitude. »
Vittorio Gassman, à propos de Parfum de femme (Profumo di donna) de Dino Risi, pour lequel il a obtenu le Prix d'interprétation masculine à Cannes en 1975


Et pour la VOST, c'est ici.

Et comme le fait subtilement remarquer Jean-Louis Bory dans Le Masque et la Plume du 5 octobre 1975, on passe dans le film de "Odore di femina" à "Profume di donna".

jeudi 12 décembre 2013

Bon anniversaire au "patron"

A tout grand homme, ses fans

«[...] je ne vois pas de ville plus littéraire.
Elle l'est, on vient de le voir, par le nombre d'écrivains qui ont foulé ses pavés et rêvé à l'ombre de ses "cent clochers" [...]. Mais elle l'est aussi en étant la veille de l'écrivain par excellence, "le patron" comme disait François-Régis Bastide, celui qui est un peu le président à vie (éternelle) de l'imaginaire République des lettres, le grand Gustave. Depuis l'hôtel-Dieu, où il est né et dont son père était le chirurgien en chef, jusqu'au Cimetière monumental où il est enterré, en passant par la bibliothèque municipale où il travailla à Bouvard et Pécuchet et qui en conserve désormais le manuscrit et tout près de laquelle est installé le buste qu'il fit élever à son ami Bouilhet, et jusqu'à la lointaine périphérie du Croisset où il vécut avec sa mère, Rouen est tout entière hantée par lui. Fétichisme ou hommage, dès que j'en ai eu la possibilité beaucoup plus tard, j'ai acquis une de ses lettres. Ce n'est pas une de ces grandes et merveilleuses lettres à Louise Colet sur les affres de la vie d'écrivain, c'est l'écho d'autres affres plus modestes, une lettre à la belle Jeanne de Tourbey, actrice et courtisane, qui fut, entre autres, la maîtresse du prince Napoléon, dit Plonplon, cousin de Napoléon III. Elle ne porte pas de date, mais les érudits la pensent du 17 avril 1860. Elle a beau être brève, elle montre l'attirance que Flaubert éprouvait pour elle (sans être, à ce qu'on dit, payé de retour, ou si peu). "Ange ! lui écrit-il. / J'ai été tellement occupé ces jours derniers que je n'ai pu aller vous dire adieu. Excusez-moi et plaignez-moi. / Je vous suppose à la campagne ? Soignez-vous bien - afin qu'on vous retrouve aussi jolie que par le passé. / Je compte vous voir vers la fin d'août ? pourvu que vous ne soyez pas à un bain de mer quelconque ? / Quand vous n'aurez rien de mieux à faire, envoyez-moi de longues nouvelles de votre exquise personne. / Je baise vos jolies mains, vos jolis pieds - et tout le reste et suis votre // G. Flaubert."
Comment, après cela, ne pas attraper le virus littéraire ? »

Dominique Noguez, Dans le bonheur des villes : Rouen, Bordeaux, Lille, Éditions du Rocher


Cependant l'histoire d'amour entre Rouen et "son" écrivain n'était peut-être pas si idyllique... Et Dominique Noguez de citer une autre lettre de Flaubert, de 1843 : "[Rouen] a de belles églises et des habitants stupides, je l'exècre, je la hais, j'attire sur elle toutes les imprécations du ciel parce qu'elle m'a vu naître.", tout en ajoutant, non sans humour, que cette façon qu'a Flaubert de décrire Rouen est "un peu psychodramatique, un peu égocentrique, un peu expéditive" !


mercredi 11 décembre 2013

Bougies


11 décembre, Maud et Noël 69 à Clermont-Ferrand ne pouvaient pas ne pas souhaiter un bon anniversaire à Jean-Louis, là, près du sapin.

mardi 10 décembre 2013

Rue Xavier Privas

Photo de Raymond Cauchetier, photographe de plateau sur "A bout de souffle"

10 décembre 2013

lundi 9 décembre 2013

Solitude (1)


Quand, au hasard d'un déjeuner familial, on retrouve les affiches des murs de sa chambre de jeune fille.

samedi 7 décembre 2013

Geranium kiss


Et une nuit d'insomnie elle écrivit sur les murs de sa chambre.

Chanson-fleuve, chanson-hymne, chanson hypnotique, chanson ultime, 11 minutes 20 secondes de poésie hallucinée. Sad-Eyed Lady of the Lowlands est une des plus belles chansons du monde.

Eté 2012

"I can still hear the sounds of those Methodist bells
I'd taken the cure and had just gotten through
Staying up for day in the Chelsea Hotel
Writing "Sad-Eyed Lady of the Lowlands" for you."
Bob Dylan, Sara (1976)



jeudi 5 décembre 2013

The dreamers of dreams


"We are the music-makers,
And we are the dreamers of dreams,
Wandering by lone sea-breakers
And sitting by desolate streams;
World-losers and world-forsakers,
On whom the pale moon gleams:
Yet we are the movers and shakers
Of the world for ever, it seems."

Arthur O'Shaughnessy, Ode (première strophe), in Music and Moonlight (1874)

mercredi 4 décembre 2013

Rue Férou




La rue Férou a par ailleurs connu d'illustres habitants, peut-être feront-ils l'objet d'une prochaine promenade. On n'en citera qu'un seul aujourd'hui:   

"Athos habitait rue Férou, à deux pas du Luxembourg ; son appartement se composait de deux petites chambres, fort proprement meublées, dans une maison garnie dont l'hôtesse encore jeune et véritablement encore belle lui faisait inutilement les yeux doux."
Alexandre Dumas, Les Trois Mousquetaires, Chapitre VII

dimanche 1 décembre 2013

Devant des cafés sans fin jusqu'à des minuits sans nombre


"Qu'as-tu ressenti, Pikes, la nuit où ils ont saisi tes films, comme s'ils faisaient rendre ses entrailles à la caméra, comme s'ils t'étripaient toi-même, pour les fourrer par écheveaux entiers, à pleines brassées, dans une chaudière ardente ? Était-ce aussi pénible que de voir quelque cinquante mille volumes anéantis sans qu'il soit question du moindre dédommagement ? Oui. Stendhal sentit une colère insensée lui glacer les mains. Oui. Alors quoi de plus naturel s'ils s'étaient mis un jour à bavarder devant des cafés sans fin jusqu'à des minuits sans nombre, et si de toutes ces conversations et de toutes ces amères décoctions était sortie... la Maison Usher."

Ray Bradbury, Chroniques martiennes, Usher II



Et si un jour je devais devenir
une femme-livre
une femme-film
une femme-tableau...
je pourrais être tout à la fois
un roman de Patrick Modiano
un poème de Jérôme Leroy
un personnage d'Eric Rohmer
un film de François Truffaut
une chanson de Bob Dylan
une marine de Nicolas de Staël
il me reste je l'espère encore un peu de temps pour décider lesquels.

jeudi 28 novembre 2013

Lago di Como (2)

Psyché ranimée par le baiser de l'Amour - Villa Carlotta - Lac de Côme

"L'Amour et Psyché, de Canova : je n'ai rien regardé du reste de la galerie ; j'y suis revenu à plusieurs reprises, et à la dernière j'ai embrassé sous l'aisselle la femme pâmée qui tend vers l'Amour ses deux longs bras de marbre. Et le pied ! Et la tête ! le profil ! Qu'on me pardonne, ç'a été depuis longtemps mon seul baiser sensuel ; il était quelque chose de plus encore, j'embrassais la beauté même, c'était au génie que je vouais mon ardent enthousiasme."
Flaubert, Notes de voyages, 1845

La Villa Carlotta - Été 2009

Bellagio, depuis la Villa Carlotta

Et, comme un clin d’œil malicieux du hasard, à Bellagio on découvre cet hôtel étrangement nommé où ont notamment séjourné Puccini, Kurt Weill, le jeune prodige Nino Rota, Sartre et Beauvoir... 

dimanche 24 novembre 2013

Lago di Como (1)



"On voudrait vivre ici et y mourir : tous les sentiments de la nature s'y trouvent réunis et le grand prédomine."
Gustave Flaubert, Notes de voyage


"Que dire du lac de Côme, sinon plaindre les gens qui n'en sont pas fous ?"
Celui qui n'est encore qu'Henri Beyle, à 17 ans

Et sur le village de Bellagio :
"son aspect sublime et gracieux que le site le plus renommé du monde, la baie de Naples, égale mais ne surpasse point."
Stendhal, La Chartreuse de Parme


vendredi 22 novembre 2013

Promenades (2)


"J'avais enfin une vie ! Les promenades dans les livres se doublaient de promenades délicieuses avec des êtres réels.
Les villes, dès lors, surtout à l'automne et au printemps, sont comme un seul chemin prolongé ou un portique immense. On y marche sans fatigue pendant des heures. L'un raccompagne l'autre puis l'autre l'un. Les avenues, les rues, les allées n'ont d'autre fonction que de servir de décor à des discussions passionnées, interminables et tendres. Les passants, les voitures, les arbres, les carrefours, le soleil sont profusément là, à titre gracieux, pour une figuration bon enfant. Sans le savoir vraiment, on est dans un futur souvenir que rien n'effacera. On ne le sait pas parce qu'on se croit à jamais dans le présent."
Dominique Noguez, Dans le bonheur des villes : Rouen, Bordeaux, Lille


mardi 19 novembre 2013

Une belle soirée


C'était en février dernier. Il faisait froid et il tombait des cordes. Mais qu'importe puisque la Librairie Charybde recevait Serge Quadruppani, et rue de Charenton cette soirée-là fut ensoleillée et chaleureuse comme l'Italie, comme la Sicile.
Avec Hugues, le libraire, on a lu à deux voix des extraits des trois derniers romans de Serge Quadruppani, qui mettent en scène la ô combien savoureuse, râleuse, rusée, gourmande, charmeuse, sensuelle commissaire Simona Tavianello à la crinière vieil ivoire, aux prises avec les collusions de l'argent et du pouvoir sous toutes leurs formes - la mafia, les services secrets, l'industrie agroalimentaire, les journalistes télé véreux...
On a lu aussi un extrait d'Un été ardent, un des plus beaux et émouvants romans de la série des Montalbano du maestro Andrea Camilleri, dont Serge Quadruppani est le génial traducteur - et auquel il rend hommage à plusieurs reprises dans la série des Simona Tavianello, notamment en le faisant apparaître en personne dans Saturne.
Puis la discussion s'est engagée entre le public et Serge, qui a répondu aux questions avec humour, malice et gentillesse. Il a notamment expliqué la genèse du personnage de Simona, a dit l'utilité, dans chaque livre de la série, de l'âne, du chien, du chat et du lapin, a raconté une belle anecdote sur Camilleri et Sciascia. On a aussi un peu débattu de problèmes cruciaux comme de savoir si Livia, l'éternelle fiancée de Montalbano, était insupportable ou pas...
Et pour terminer cette belle soirée, comme quoi l'amour de l'Italie ne rend pas sectaire, on est allés manger... chinois !


« Le lieutenant Licata tarda un peu à se mettre debout. La commissaire lui adressa un sourire qu'elle voulait amical, mais craignant qu'il y voie de la moquerie pour le rôle secondaire auquel on l'assignait, elle reprit aussitôt une expression neutre. Celle du patron des services d'information était toujours aussi peu déchiffrable.
On échangea des poignées de main.
Et seul un narrateur omniscient, mal venu dans une époque postmoderne, aurait pu nous faire savoir qu'en serrant dans sa grande main énergique et manucurée les cinq doigts dodus de la commissaire, Febbraro pensa "Sale pouffiasse rouge, on va te niquer la gueule" tandis que Simona songeait "Fasciste de merde, tu crois que je ne te vois pas venir ?" » 
Saturne

vendredi 15 novembre 2013

Les sirènes et les midis éternels


"La grande fenêtre ouvrait sur le manège des écuries du roi
Et sur l'horloge qui marquait toujours la même heure
Celle de la jeunesse et des midis éternels
Pendant la journée
La Lilliputienne peignait ses tableaux
Et moi
A côté d'elle

J'écrivais un poème."



"Et tu comprendras que les sirènes
Sont encore plus belles
Quand elles se taisent"

mercredi 13 novembre 2013

lundi 11 novembre 2013

La couverture rouge avec la louve dessus



Elle : J’ai une belle idée de cadeau qui me ferait très très plaisir. 
Moi :  Ah, dis moi, c’est quoi ? 
Elle : Le De natura rerum, de Lucrèce, aux Belles Lettres, collection Guillaume Budé. Tu sais, la couverture rouge avec la louve dessus. J’en rêve la nuit.

(Novembre 2013, échange de textos)