samedi 28 janvier 2017

Solitude (12)


Santiago, par notre envoyé spécial au Chili

Là-bas. Avoir la tête en bas et au sud n'exclut pas l'indifférence et la solitude de la ville. Les deux serpents de lumière se dédaignent l'un l'autre avec superbe.

jeudi 26 janvier 2017

Rien, pas un poème



« Je suis tellement fatigué.
Par la fenêtre passe le mauve du ciel lourd. Les arbres à de rares moments s’ébouriffent. Qu'est-ce que cela peut me faire ? Le paysage, je l'abandonne à lui-même comme je m'abandonne à l'absence. On entend soudain un coup de vent brutal.
Et je m'enfonce dans un brouillard d'angoisse diffuse. Pour y échapper, le "moyen" serait d'écrire des poèmes. Or, depuis notre retour ici, et en attendant le départ, rien, pas un poème. »

Nicolas de Staël, Arbres (1953)

« Je pense à Dhôtel pour qui le roman, la vie (c'est pareil), c'est "d'aller de proche en proche", et à de Staël qui, lui, déclare "aller d'accident en accident". »



mardi 24 janvier 2017

Life out of balance (3)


Santiago, par notre envoyé spécial au Chili

Une semaine qu'en raison des incendies, les montagnes ne sont plus visibles.

A container of ashes might one day be thrown from the sky which could burn the land and boil the oceans.
(3ème prophétie Hopi, Koyaanisqatsi)

jeudi 19 janvier 2017

Un chat français



"De toutes les villes que j'ai visitées, je n'aime véritablement que Paris ; le moindre détail y est raffiné et précieux et élégant et chacun en tire ce qui lui correspond."
(Lettre de Sylvia Plath à sa mère, août 1956)



Magnifique ouvrage publié aux Éditions de La Table Ronde.

mardi 17 janvier 2017

Mulholland Drive (5)


Santiago, par notre envoyé spécial au Chili

lundi 16 janvier 2017

vendredi 13 janvier 2017

Rencontre (10) - Solitude (11)


- C'est par ici, indiqua l'Animal solitaire dans la lumière déclinante
 de ce jour d'hiver, alors que je lui demandais mon chemin.


mercredi 11 janvier 2017

Gobelins (17) - Elle aime bien le quartier



"Pourtant, elle habite Paris maintenant, au 10 de la rue Le Brun, dans le 13ème arrondissement. Une rue discrète qui donne d'un côté sur l'avenue d'Italie et de l'autre sur le boulevard Saint-Marcel, dans le cinquième. Elle aime bien le quartier, la proximité de Mouffetard, de la place d'Italie."

Laurent Mauvignier, Continuer (Les Editions de Minuit, 2016)

Face à la Manufacture des Gobelins

En fait, Laurent Mauvignier se trompe légèrement : la rue Le Brun donne sur l'avenue des Gobelins, et non sur l'avenue d'Italie (qui continue l'avenue des Gobelins au-delà de la place d'Italie). Mais qu'importe, attribuons cette erreur à la licence artistique. Et puis après tout, qui a dit que la littérature devait être une science exacte, et un roman aussi précis qu'un traité de topographie ?

La rue doit son nom au peintre Charles Le Brun. Élève de Nicolas Poussin, il fut notamment chargé de la décoration du château de Vaux-le-Vicomte par Nicolas Fouquet, puis de celle du château de Versailles par Louis XIV, après avoir été nommé par celui-ci "Premier peintre du Roi". Il participa aussi à la création de l'Académie royale de peinture et de sculpture et de la Manufacture des Gobelins, dont il fut le directeur. Lorsque son protecteur Colbert mourut, Le Brun se retira peu à peu de la vie publique, tomba dans un oubli relatif, et mourut d'une maladie de langueur aux Gobelins.

Charles Le Brun, Jeune fille en buste, 1660-1661, Musée du Louvre

Il n'est en fait que très peu question de la rue Le Brun dans le magnifique roman de Laurent Mauvignier. L'auteur nous emmène au coeur des relations et des sentiments entre une mère et son fils, de l'amour et de l'énergie inouïe dont fait preuve celle-ci pour sauver celui-là de l'abîme d'enfermement et de violence dans lequel il est en train de sombrer, du retour à sa propre vie de cette femme meurtrie, et d'une fantastique chevauchée initiatique à deux dans les paysages âpres et grandioses des steppes et des montagnes du Kirghizistan.

Continuer, une devise pour 2017 ?

vendredi 6 janvier 2017

Car il y a tant de choses que je n'ose vous dire (Guillaume et le Canard)


Dans cette machine à remonter le temps qu'est
Le Canard enchaîné, 100 ans, Un siècle d'articles et de dessins (Editions Seuil) 

La jolie rousse

Me voici devant tous un homme plein de sens
Connaissant la vie et de la mort ce qu'un vivant peut connaître
Ayant éprouvé les douleurs et les joies de l'amour
Ayant su quelquefois imposer ses idées
Connaissant plusieurs langages
Ayant pas mal voyagé
Ayant vu la guerre dans l'Artillerie et l'Infanterie
Blessé à la tête trépané sous le chloroforme
Ayant perdu ses meilleurs amis dans l'effroyable lutte
Je sais d'ancien et de nouveau autant qu'un homme seul
pourrait des deux savoir
Et sans m'inquiéter aujourd'hui de cette guerre
Entre nous et pour nous mes amis
Je juge cette longue querelle de la tradition et de l'invention
             De l'Ordre de l'Aventure

Vous dont la bouche est faite à l'image de celle de Dieu
Bouche qui est l'ordre même
Soyez indulgents quand vous nous comparez
A ceux qui furent la perfection de l'ordre
Nous qui quêtons partout l'aventure
Nous ne sommes pas vos ennemis
Nous voulons nous donner de vastes et d'étranges domaines
Où le mystère en fleurs s'offre à qui veut le cueillir
Il y a là des feux nouveaux des couleurs jamais vues
Mille phantasmes impondérables
Auxquels il faut donner de la réalité

Nous voulons explorer la bonté contrée énorme où tout se tait
Il y a aussi le temps qu'on peut chasser ou faire revenir
Pitié pour nous qui combattons toujours aux frontières
De l'illimité et de l'avenir
Pitié pour nos erreurs pitié pour nos péchés

Voici que vient l'été la saison violente
Et ma jeunesse est morte ainsi que le printemps
O Soleil c'est le temps de la Raison ardente
                      Et j'attends
Pour la suivre toujours la forme noble et douce
Qu'elle prend afin que je l'aime seulement
Elle vient et m'attire ainsi qu'un fer l'aimant
           Elle a l'aspect charmant
           D'une adorable rousse

Ses cheveux sont d'or on dirait
Un bel éclair qui durerait
Ou ces flammes qui se pavanent
Dans les roses-thé qui se fanent

Mais riez riez de moi
Hommes de partout surtout gens d'ici
Car il y a tant de choses que je n'ose vous dire
Tant de choses que vous ne me laisseriez pas dire
Ayez pitié de moi

Guillaume Apollinaire, in Calligrammes