jeudi 30 juillet 2015

Les rendez-vous de juillet (3) - Un anniversaire et une fête


 
Patrick Modiano est né le 30 juillet 1945. Alors bon anniversaire, Monsieur Modiano ! Continuez de nous enchanter dans les méandres mélancoliques des rues de Paris, de la mémoire et du temps. Je ne pense pas avoir un jour un chien, mais si j'en avais un, je crois bien que ça serait un labrador et que je l’appellerais Choura.

Et puis le 30 juillet, on fête aussi les Juliette.

Jérôme Leroy, Sauf dans les chansons (La Table Ronde, avril 2015)

dimanche 26 juillet 2015

Blés



"À l'ombre des oiseaux c'est l'océan troublé
Puis le beau temps soudain se lève et tes yeux changent
L'été taille la nue au tablier des anges
Le ciel n'est jamais bleu comme il l'est sur les blés"

Louis Aragon, Les Yeux d'Elsa

jeudi 23 juillet 2015

Les rendez-vous de juillet (2) : le 23



23 juillet, Paris s'éteint
Et sur le Quai des Grands-Augustins
Nous tournons les pages à l'improviste
Devant l'étalage d'un bouquiniste
Je ne vous connais pas, je vous frôle,
Là sur le quai, épaule contre épaule.
Nous jetons en même temps un œil sur
Les quatrièmes de couverture.

On aime évoquer en ces lieux le 23 juillet, mis en musique et en vieux livres par Vincent Delerm, une de ces journées devenues particulières dans notre calendrier intime après avoir vu Le Feu follet de Louis Malle. Si Paris s'éteint le 23 juillet, c'est en effet aussi ce jour-là que Alain Leroy a choisi de disparaître. Dernières heures dans Paris de Rigaut-Leroy-Ronet, de la dérive mélancolique à l'escapisme ultime, avec notamment la scène au Café de Flore, magnifiquement accompagnée par la Gnossienne n°1 d'Erik Satie.


Amy Winehouse, back to black un 23 juillet aussi, il y a quatre ans, on s'en souvient si bien.

(c) Dean Chalkley, NME / IPC Media

S'est également éteint un 23 juillet (ou 22, selon les sources), Serge Reggiani, en 2004. Ses chansons et interprétations ont un peu bercé mon enfance, du Petit garçon à Sarah, en passant par Ma Liberté, Ma Solitude ou Le Déserteur. Et bien sûr une de ses plus célèbres, qui va si bien avec Paris qui s'éteint, les fameux loups.



Et Arletty, aussi, le 23 juillet 1992, la lumineuse Garance disant à Frédérick Lemaître-Pierre Brasseur :
"Paris est tout petit pour ceux qui s'aiment comme nous d'un aussi grand amour..."


mardi 21 juillet 2015

Les rendez-vous de juillet (1)



"- Comment s'appelle le film que vous tournez ?
Il hésita un moment.
- Le titre ? Ah oui... Rendez-vous de juillet...
- Mais il y a eu déjà un film qui s'appelait comme ça...
- Oui, mais ils ne sont au courant de rien...
[...]
- Vous êtes sûr qu'il est dans cette voiture ?
- Évidemment.
À moi, ça m'avait plutôt l'air d'une Lancia fantôme qui n'en finirait jamais de glisser à travers ce Paris nocturne et mort.
- Eh bien, nous avons de la chance. Il ne fait qu'un tour de piste.
La Lancia commençait à descendre l'avenue d'Iéna.
- Et c'est la même chose toutes les nuits ?
- Non. Quelquefois, il disparaît pendant une quinzaine de jours.
- Parce que vous le suivez toutes les nuits ?
- Presque. J'essaie d'être le plus souvent au rendez-vous.
Il avait prononcé "rendez-vous" d'une voix triste qui rencontra un écho chez moi. Je pensais au titre de son film : Rendez-vous de juillet. Nous étions en juillet. Il faisait chaud. Les gens étaient partis en vacances. Vingt ans avaient passé et je sillonnais, par une nuit d'été, cette ville absente. Moi aussi, sans très bien m'en rendre compte, j'étais revenu à Paris pour un rendez-vous de juillet."

Patrick Modiano, Quartier perdu

La Lancia Flaminia blanche, glissant comme un fantôme dans les rues d'un Paris déserté ?

Ce Rendez-vous de juillet mentionné dans Quartier perdu, c'est-à-dire le premier "film qui s'appelait comme ça", est un film de Jacques Becker sorti en 1949. Il évoque une bande de copains dans le Saint-Germain-des-Prés de l'après-guerre, évoluant entre caveaux de jazz, cours de théâtre, flirts et rêves d'Afrique.

C'est le premier long-métrage mettant en scène Maurice Ronet, alors âgé de 22 ans. Il incarne Roger Moulin, trompettiste dans l'orchestre de Claude Luter (qui joue dans le film son propre rôle). Curieusement, Maurice Ronet est dans Rendez-vous de juillet le fils de ses propres parents, les comédiens Emile Robinet et Gilberte Dubreuil. Ce Rendez-vous de juillet où joue également l'actrice belge Louisa Colpeyn, la mère de Patrick Modiano...

Quant au narrateur de Quartier perdu, son nom est Jean Dekker. Jean Dekker, Jacques Becker, étrange paronymie...

Maurice Ronet et Brigitte Auber dans Rendez-vous de juillet

dimanche 19 juillet 2015

Le jour où...(16) - Biches (7)


"- Votre montre, là, marche à l'envers...
- Non, elle marche juste, c'est le monde qui marche à l'envers."

Le jour où, juste au moment de partir en vacances, j'ai perdu ma montre, je me suis dit que c'était sans doute un signe. Mais de quoi ? Que le temps pouvait enfin s'arrêter, voire aller au gré de sa fantaisie, ou de la mienne ? Qu'il était temps de lâcher prise ? Ou juste que j'étais affreusement étourdie ? Chi lo sa...


En même temps, là où j'allais, je n'avais plus trop besoin d'une montre...

Premier matin, là, devant, dans le jardin...

vendredi 17 juillet 2015

Heaven can't wait



En attendant que le 23 juillet, quai des Grands-Augustins, Paris s’éteigne, hier soir, du côté de la Gare de Lyon, le ciel, qui ne peut sans doute pas attendre, était à la fête.

 



mardi 14 juillet 2015

Montparnasse, soir d'été



"C'était l'heure incertaine que je connaissais bien à Paris : l'obscurité descend peu à peu, mais les réverbères ne sont pas encore allumés, et les masses des immeubles se découpent sur le ciel, comme se découpaient, en cette fin d'après-midi-là, les silhouettes des clients qui traversaient le hall ou se tenaient immobiles sur les fauteuils de cuir. Et je ne peux m'empêcher, à l'instant où j'écris ces lignes, de penser : non, ce n'est sans doute pas un hasard d'avoir rencontré pour la première fois Carmen à cette heure-là. S'il est une heure particulière de la journée qui peut vous évoquer quelqu'un, pour moi Carmen restera toujours associée à ce moment délicat et poignant où le jour tombe."
Patrick Modiano, Quartier perdu

mercredi 1 juillet 2015

Hors saison



"Maintenant, les feuilles mortes tapissaient le trottoir d’une couche épaisse et collaient aux talons. Leur odeur amère était la même que celle des vieux journaux dont on tourne doucement les feuilles cassantes, une à une, à rebours du temps, pour essayer de retrouver une photo, un nom, la trace enfouie de quelqu’un."

Patrick Modiano, De si braves garçons