mercredi 30 septembre 2015

Solitude (8) - "Etre peintre"


Le Lavandou, 1952

"Son orgueil – qu'on lui avait tant de fois reproché – ne provenait pas de ce qu'il s'était choisi comme centre de l'univers pictural. Être lui-même (tel qu'il était, au centre de sa solitude) n'avait qu'une seule signification : être peintre. A cet orgueil et à cette solitude, Nicolas de Staël avait tout sacrifié. Les êtres les plus chers, la gloire, l'argent paraissaient autant d'obstacles qu'il devait vaincre après avoir vaincu la misère et l'incompréhension."
Guy Dumur, article paru dans Combat, avril 1955

Le Lavandou, 1952

Il y a des moments où c'est merveilleux la solitude on se jette d'une chose à l'autre comme les gens du désert rangent en hâte leur bien avant le grand vent. Quel silence tout autour de la rue close.
Et d'autres moments où l'on attend une lettre aussi impatiemment que si tu devais venir sur le dos du facteur.
Nicolas de Staël, Lettre à Françoise de Staël, septembre 1952

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Et aussi atroce que soit la solitude, je la tiendrai parce qu'il ne s'agit pas de me guérir de quoi que ce soit, mais simplement prendre une distance que je n'ai plus à Paris aujourd'hui et que je veux pour demain.
Je n'entraînerai jamais l'admiration de tous, pas question de cela, rien que d'y penser m’écœure, mais j'arriverai peu à peu peut-être à me regarder dans une glace sans voir ma gueule de travers.
Lettre à Jacques Dubourg, octobre 1953 


jeudi 24 septembre 2015

Dix presque riens



(24.08)
J'ai rêvé cette nuit d'un chat qui disait "Non, ce n'est pas moi."  


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(27.08)
Encore un tour de l'esprit et du temps : recevoir un mail d'un Philippe Chéreau, et l'espace de quelques instants lire Patrice Chéreau, comme si depuis presque un an ceux qui l'aimaient n'avaient pas pris le train...

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(18.09) 
Je me souviens du jour où j'ai vu Jean-Claude Brialy dans une voiture décapotable, dans une station essence du sud de la France.


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(30.09)
- Qu'est-ce que tu regardes ?
- Le son qui sort de cet iPhone.
- ?
- Oui, je préfère regarder le son qui sort de cet iPhone plutôt que toucher ce parfum, comme elle voudrait que je le fasse.

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(10.10) 
Je reçois un message signé "Le Directeur Exécutif Capital Humain". Et là, soudain, je prends peur.

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(21.09)
Quand, dans la même journée, je reçois un spam venant de "Homère, société d'avocats", je croise dans la rue un affreux caniche répondant au nom de Hermès, et je reçois un courrier publicitaire vantant un projet immobilier de luxe nommé "Esprit Sagan"...


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(21.10) 
Merveille des noms. Cette fois-ci, c'est faire un courrier à un Monsieur Teppaz qui me plonge dans une douce rêverie...

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(23.10)
Et la petite musique des noms continue. Le même P. Chéreau, dont le message m’avait il y a quelque temps fait croire l’espace d’un instant à la résurrection des morts, m’écrit maintenant à propos d’un Monsieur Escudero…

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(01.11)
J'ai encore rêvé d'un chat qui parlait (et qui, assez énigmatiquement, disait "Je veux jouer avec Mélanie"). Mais après avoir visité le College où Lewis Carroll a été élève puis professeur, c'est finalement assez logique.

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(31.12)
Quand, dans un train filant vers l'Ouest, le contrôleur a de sérieux airs de Bernard Menez dans Maine Océan...


jeudi 17 septembre 2015

Il n'y aura plus d'après...


33T de 1973 qui figurait dans la discothèque parentale, maintes fois écouté



... et l'Eau vive ne coulera plus.



mercredi 9 septembre 2015

Promenades (7) - Les sentinelles du bonheur



"Le jour où il nous avait photographiés, ni Sylvia ni les Neal ne s'en étaient aperçus et il m'avait glissé son prospectus dans la main. J'étais allé chercher la photo trois jours plus tard dans un petit magasin de la rue de France sans même en parler à Sylvia. Je vais toujours chercher ce genre de photos, les traces qui demeurent plus tard d'un moment éphémère où l'on a été heureux, d'une promenade un après-midi de soleil... Non, il ne faut jamais négliger ces sentinelles, leurs appareils en bandoulière, prêtes à vous fixer dans un instantané, tous ces gardiens de la mémoire qui patrouillent dans les rues. Je sais de quoi je parle. Photographe, je l'ai été, moi aussi."

Patrick Modiano, Dimanches d'août


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Mes parents, promenade dans les rues de Carpentras, 1963

samedi 5 septembre 2015

L'aster du 5 septembre




"Je souffre de la première lampe allumée
Avant le soir, au loin, comme un signal.

Doux jaune dans ce doux bleu couleur de fumée,
Tu es douceur, comment fais-tu si mal ?

Doux phare d'un port triste, inévitable et tendre,
Étoile au ciel d'un dimanche allumée,

Tu es la sœur de l'aster de septembre."

Marcel Thiry, Usine à penser des choses tristes (1957)




Marcel Thiry est mort le 5 septembre 1977.



mercredi 2 septembre 2015

Le miroir des aigles


Depuis le Jas des Agneaux, au sommet de Larran





















"Le Mont Ventoux, miroir des aigles, était en vue."

René Char, Le Thor, in Fureur et Mystère

En redescendant du col de Notre-Dame des Abeilles
















Le versant nord, sombre et austère, depuis la vallée du Toulourenc