mardi 11 juillet 2017

Hiver austral



Comme quoi, quand le ciel a la tête en bas, il sait manifestement perdre toute décence et se donner des airs de fin du monde...

 

L'hiver arrive à Santiago.
Et l'attrait grandit encore.
Puisque tu restes.
Là-bas.

Les photos sont de notre envoyé spécial, devenu correspondant permanent, à Santiago, que l'on s'apprête à rejoindre. On s'éclipse donc quelques semaines, ce qui ne nous empêchera pas, chers amis, chers lecteurs, de boire quelques pisco sour à votre santé !

Car on boit du pisco aussi
bien au Chili qu'au Pérou...

lundi 10 juillet 2017

Ruptures de réalité et brèches magnifiques



"Le monde est une branloire pérenne : toutes choses y branlent sans cesse, écrivait Montaigne il y a quelques siècles, et cette idée d'un monde en mouvement permanent est très belle, mais Montaigne n'avait pas idée de ce que ça allait devenir, qu'il faudrait désormais se battre pour retrouver un certain droit au calme, à la solitude, au repos et à tout ce qui va avec, la lecture, la pensée, la rêverie, mais on n'a plus le temps."


"C'est étonnant comme, parfois, on se met à vivre plus vite, beaucoup plus vite, à cause d'un rien, de quelques mots, d'un regard ou d'un air entendu. Recevoir un message, le lire, se dire pourquoi pas, et hop, partir.
[...]

Un coup de fil à Kamel qui, oui, bien sûr, s’occupera des enfants, et la voici sur la route, avec sa vieille voiture grise, son sac sur la banquette arrière. Boulogne-sur-Mer – Saint-Jean-de-Luz : mille quarante kilomètres, trajet estimé à neuf heures trente en passant par Abbeville, Rouen, Le Mans, Tours, Poitiers, Bordeaux et Biarritz. C'est long, c'est une expédition, on n'en fait plus tellement à une époque où l'on se rend en un clin d'œil à l'autre bout du globe, à peine le temps de rentrer dans l'avion et vous voilà sur un autre continent, sans même avoir pu réaliser que vous voyagiez. On a perdu cela, la durée du voyage, ce temps hors du temps avec ses temps morts, ses rencontres, ses rêves. Il faut, pour retrouver ces sensations délectables, savoir aller un peu moins loin, bizarrement, prendre sa voiture et non pas l'avion, rouler et ne surtout pas voler, le voyage aérien stoppe net bien des tentatives d'évasion, Icare l'a appris à ses dépens il y a déjà bien longtemps."


"Il a repris le volant et Lucia s'étonne de la facilité avec laquelle elle se laisse conduire sans même s'inquiéter de leur destination. Elle s'en fout, en fait. Elle est bien, là, aux côtés de cet homme qui est botaniste comme elle est épistolière. Un vieux rêve, ça, d'ailleurs. Troquer les mails du service clients contre des lettres, des vraies, écrire aux vieilles dames solitaires nichées dans les grandes villes, écrire aux ados torturés, écrire aux petits qui croient encore au Père Noël, écrire à ceux qui disent que c'est triste, de nos jours, le facteur n'apporte plus que des factures, écrire à ceux qui ont oublié ce que c'est qu'une lettre, écrire sur du papier bleu, rose ou vert, écrire à l'autre bout du monde ou à la voisine de palier. Écrire."




"Une cicatrice céleste qui s'atténuera peut-être, au fil du temps.
Ou subsistera.
Les cicatrices disparaissent-elles jamais complètement ?"


* * *

De ruptures de réalité en brèches magnifiques, le dernier roman de Nathalie Peyrebonne est un véritable enchantement. En exergue du livre, cette citation de Claude Roy : « Il faudrait essayer de ne pas accorder trop de réalité à la réalité. Le monde a grand besoin que nous doutions un peu de son existence. » Joli programme, non ?

samedi 8 juillet 2017

On a beau savoir



On a beau savoir qu’on a devant soi plusieurs années de lecture rien qu’avec les piles qui encombrent le salon, qui entourent le lit... rien n’y fait, il y a des achats nécessaires avant l'imminent départ en vacances, des achats qui rassurent comme des provisions qu’on ferait avant une possible apocalypse, des achats qui consolent de passer encore un week-end au travail... La crème solaire, le stick pour les lèvres et les médicaments passeront après.