jeudi 23 juillet 2015

Les rendez-vous de juillet (2) : le 23



23 juillet, Paris s'éteint
Et sur le Quai des Grands-Augustins
Nous tournons les pages à l'improviste
Devant l'étalage d'un bouquiniste
Je ne vous connais pas, je vous frôle,
Là sur le quai, épaule contre épaule.
Nous jetons en même temps un œil sur
Les quatrièmes de couverture.

On aime évoquer en ces lieux le 23 juillet, mis en musique et en vieux livres par Vincent Delerm, une de ces journées devenues particulières dans notre calendrier intime après avoir vu Le Feu follet de Louis Malle. Si Paris s'éteint le 23 juillet, c'est en effet aussi ce jour-là que Alain Leroy a choisi de disparaître. Dernières heures dans Paris de Rigaut-Leroy-Ronet, de la dérive mélancolique à l'escapisme ultime, avec notamment la scène au Café de Flore, magnifiquement accompagnée par la Gnossienne n°1 d'Erik Satie.


Amy Winehouse, back to black un 23 juillet aussi, il y a quatre ans, on s'en souvient si bien.

(c) Dean Chalkley, NME / IPC Media

S'est également éteint un 23 juillet (ou 22, selon les sources), Serge Reggiani, en 2004. Ses chansons et interprétations ont un peu bercé mon enfance, du Petit garçon à Sarah, en passant par Ma Liberté, Ma Solitude ou Le Déserteur. Et bien sûr une de ses plus célèbres, qui va si bien avec Paris qui s'éteint, les fameux loups.



Et Arletty, aussi, le 23 juillet 1992, la lumineuse Garance disant à Frédérick Lemaître-Pierre Brasseur :
"Paris est tout petit pour ceux qui s'aiment comme nous d'un aussi grand amour..."


9 commentaires:

  1. l'Anonyme commémoratif de ce blogue23 juillet 2015 à 10:46

    Je vous souhaite un très beau 23 juillet, chère Florence — près de la montagne de Lure, loin de Paris qui s'éteint? cet été j'ai envie de relire L'Iris de Suze, un de mes romans favoris de Giono (mais il y en a tant).

    Je n'avais pas noté que Serge Reggiani était mort un 23 juillet. Coïncidence, il m'occupe beaucoup en ce moment. Il a aussi bercé mon enfance; outre les chansons que vous citez, j'ai quelquefois évoqué, dans les commentaires du blogue GWFW, mon attachement à Paris ma rose, qui aurait été très bien aussi dans ce billet.

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  2. Merci, cher Anonyme commémoratif et fidèle de ce blogue !

    Paris ma rose, mais oui, bien sûr, vous avez raison. Elle figurait aussi sur le 33 tours tant écouté de mes parents, avec l'extrait du Pont Mirabeau en introduction... La voici donc, pour réparer cet oubli :
    https://www.youtube.com/watch?v=tGhC4-59j4M

    Sinon, au pied de la montagne de Lure, oui, sans montre et assez loin de tout. Quant à L'Iris de Suse, je ne l'ai pas lu, une lacune de plus à combler...

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  3. l'Anonyme nostalgique de ce blogue23 juillet 2015 à 15:45

    Oui, toutes ces chansons viennent de l'album qu'il a enregistré pour Jacques Canetti en 1967, après un premier album de textes posthumes de Vian trois ans plus tôt, pas encore tout à fait convaincant.

    Ce premier album inaccompli a cependant été l'occasion de sa rencontre avec Barbara: elle l'a pris sous son aile (et mis dans son lit), avant de l'engager pour ses premières parties de concerts. C'est elle qui a vraiment fait de lui un chanteur et qui lui a permis de se constituer un répertoire convenant à sa personnalité -- lui conseillant entre autres de s'adresser à Georges Moustaki ou de demander à un jeune écrivain et scénariste, Jean-Loup Dabadie, de s'essayer à écrire des paroles.

    (Moustaki avait aussi été l'amant de Barbara, bien sûr. Il semble que ni lui ni Reggiani n'aient bien vécu leur rupture avec la longue dame brune. En 1970, Moustaki a écrit pour Reggiani une chanson intitulée Madame Nostalgie; on peut y entendre une personnification de ce sentiment, mais c'est aussi une chanson à clef contre Barbara -- "Madame Nostalgie, tu pleures sur un nom de ville", ça me paraît assez peu équivoque -- manière guère élégante de régler leurs comptes avec elle.)

    Paris ma rose est en fait une reprise: la chanson avait d'abord été enregistrée, sans doute assez confidentiellement, par son auteur, Henri Gougaud, qui avait alors un tour de chant dans les cabarets rive gauche à leur déclin, au milieu des années 60. Elle a aussi été reprise par Marc Ogeret, avec un couplet alternatif. Ces deux versions sont assez difficiles à trouver, je les avais mises sur le blogue de GWFW via un site de partage qui ne fonctionne plus; je vais chercher un moyen pour vous les faire écouter.

    L'Iris de Suse (pourquoi a-je mis un z ce matin?) est un de mes romans préférés de Giono; son tout dernier. Je suis à peu près sûr qu'il vous plaira beaucoup.

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  4. Merci pour toutes ces très intéressantes et nostalgiques précisions !

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  5. Le "Z" du matin, c'est simple : vous avez récemment visionné Nada, de Chabrol, où dès la scène d'ouverture, le matin, Maurice Garrel commande au comptoir un Sancerre.
    Et ça tombe pile : "Ne Suze que si l'on Sancerre", d'où la confusion (sans doute).

    Sinon, la conversation autour de Paris ma rose voici presque six ans, c'était par là

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    1. l'Anonyme nostalgique de ce blogue8 août 2015 à 15:37

      Trèzingénieuze explication, mon cher George -- on n'en attendait pas moins de vous.

      Maizenfait (je n'ozais l'avouer), je suis presque sûr d'avoir écrit SuZe avec un Z moinzen pensant à l'apéritif au "goût inimitable" des publicités de notre enfance qu'à Henriette de Coligny, comtesse de la Suze, qui a compilé avec Paul Pellisson, dans les années 1660, un Recueil de pièces galantes, en proze & en vers en pluzieurs volumes que j'ai souvent consulté ces dernières années. (Véridique: déformation professionnelle!)

      (Ou alors, c'est l'abus de Krazy Kat, peut-être?)

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    2. Ah mais Szut alors ! (comme s'écrierait Haddock dans Coke en stock)

      Jamais entendu parler de cette moustière-là;

      Bref, encore du boulot en perspective…

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    3. l'Anonyme hisztorique de quelques blogues10 août 2015 à 10:32

      … autre explication possible: j'ai relu en partie S/Z, de Barthes, il y a quelques mois. (Véridique, également.)

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  6. Merci pour le lien vers cette très impressionnante conversation, que je lirai quand j'aurai un peu de temps (58 commentaires, et de quelle richesse m'a-t-il semblé, rien qu'à la survoler rapidement !!)
    Maurice Garrel, encore... décidément !

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