dimanche 23 août 2015

Dimanche d'août



"Il faisait très chaud cet été-là et nous avions la certitude que l’on ne nous retrouverait jamais ici. L’après-midi, nous suivions le remblai et nous repérions l’endroit de la plage où la foule était la plus dense. Alors, nous descendions sur cette plage, à la recherche d’un tout petit espace libre pour nous étendre sur nos serviettes de bain. Jamais nous n’avons été aussi heureux qu’à ces moments-là, perdus dans la foule au parfum d’ambre solaire. Les enfants autour de nous bâtissaient des châteaux de sable et les marchands ambulants enjambaient les corps et proposaient leurs crèmes glacées. Nous étions comme tout le monde, rien ne nous distinguait des autres, ces dimanches d’août."

Patrick Modiano, Dimanches d'août

2 commentaires:

  1. l'Anonyme métaphysique de ce blogue23 août 2015 à 13:45

    Nul doute que si la photo avait été prise quelques minutes avant, ou quelques minutes après, ou le cadrage un peu plus large, on aurait pu voir, en cherchant bien, passer dans le champ l'homme des plages de Rue des Boutiques obscures:

    Cet homme des plages avait passé quarante ans de sa vie sur des plages ou au bord de piscines, à deviser aimablement avec des estivants et de riches oisifs. Dans les coins et à l’arrière-plan de milliers de photos de vacances, il figure en maillot de bain au milieu de groupes joyeux mais personne ne pourrait dire son nom et pourquoi il se trouve là. Et personne ne remarqua qu’un jour il avait disparu des photographies. Je n’osais pas dire à Hutte mais j’ai cru que l’« homme des plages » c’était moi. D’ailleurs je ne l’aurais pas étonné en le lui avouant. Hutte répétait qu’au fond, nous sommes tous des « hommes des plages » et que « le sable -- je cite ses propres termes -- ne garde que quelques secondes l’empreinte de nos pas. »

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    1. L'homme des plages, je n'avais pas le souvenir de ce beau passage.

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