mercredi 9 septembre 2015

Promenades (7) - Les sentinelles du bonheur



"Le jour où il nous avait photographiés, ni Sylvia ni les Neal ne s'en étaient aperçus et il m'avait glissé son prospectus dans la main. J'étais allé chercher la photo trois jours plus tard dans un petit magasin de la rue de France sans même en parler à Sylvia. Je vais toujours chercher ce genre de photos, les traces qui demeurent plus tard d'un moment éphémère où l'on a été heureux, d'une promenade un après-midi de soleil... Non, il ne faut jamais négliger ces sentinelles, leurs appareils en bandoulière, prêtes à vous fixer dans un instantané, tous ces gardiens de la mémoire qui patrouillent dans les rues. Je sais de quoi je parle. Photographe, je l'ai été, moi aussi."

Patrick Modiano, Dimanches d'août


* * * 

Mes parents, promenade dans les rues de Carpentras, 1963

4 commentaires:

  1. Serait-ce Pasolini ? Avec la Calas ?
    Au sujet de P.P. Pasolini, il y a ce livre assez étrange, mais plein d'humour, écrit par Emanuele Trevi sur une des amies du cinéaste frioulan : la très folle Laura Betti. Le titre en est "Quelque chose d'écrit", c'est chez Actes Sud et ça parle, notamment, de la rédaction du dernier livre de P.P.P. : "Pétrole" et de cette Italie des années 70. C'est bien fichu, on ne perd pas son temps et cela m'a donné envie de lire "Pétrole", monstre inachevé, que je ne connaissais pas.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Eh oui, Pasolini avec sa Médée. Vous trouverez quelques autres photos ici. Je trouve ces histoires d'amour sans doute impossible, ou d'amitié amoureuse, avec la Callas et avec Laura Betti, l'épouse non charnelle mais passionnelle, fascinantes et profondément touchantes.
      J'ai vu passer en effet "Quelque chose d'écrit" lors de sa parution, mais je ne l'ai pas lu, de même que "Pétrole", d'ailleurs.

      Supprimer
    2. J'aime bien ces mots issus des Anges distraits : "Le temps perdu ne se rattrape pas ! En fait, il vit au plus profond de nous, et seuls quelques-uns de ses fragments, anesthésiés ou embaumés par une mémoire conceptuelle et intéressée, vivent dans la conscience et forment notre autobiographie."

      Supprimer
    3. Belles phrases en effet, merci. Je n'ai pas lu Les Anges distraits (et quel beau titre). PPP pourrait bien avoir raison...

      Supprimer