"Mais Lilia, elle, était emballée par le sujet, elle dansait avec lui,
elle avait une aventure avec lui. Elle comprenait la poésie de la
multiplicité, de l'aliénation, des concepts inconciliables de la
géographie : dans l'une des langues mayas, il existe neuf mots
différents pour désigner la couleur bleue. (Cela, il le savait depuis
des années, mais ce fut grâce à elle qu'il se demanda à quoi pouvaient
ressembler ces intraduisibles nuances de bleu.)"
Emily St. John Mandel,
Dernière nuit à Montréal (Rivages/Noir)
Le bleu de Klein est-il une de ces nuances, et quel mot maya pour le désigner ?
Et le
cassé-bleu de Nicolas de Staël ? (expression inventée par son ami René Char)
Le "cassé-bleu", c'est absolument merveilleux, au bout d'un moment la mer est rouge, le ciel jaune et les sables violets, et puis cela revient à la carte postale de bazar, mais ce bazar-là et cette carte, je veux bien m'en imprégner jusqu'au jour de ma mort. Sans blague, c'est unique René. Il y a tout là. Après on est différent.
(Lettre de Nicolas de Staël à René Char, 23 juin 1952)
Peut-être "bleudeklein" et "cassébleu" sont-ils finalement des mots mayas.