mercredi 27 septembre 2017

Parlez-moi d'amour


Jeune demoiselle et ses quatre soupirants

Une déclaration

* * *


mardi 26 septembre 2017

12, rue Sainte-Anne



"À peine arrivée à Paris, Suzy [Solidor] ouvrit quai Voltaire une boutique de curiosités qu'elle n'hésita pas à baptiser : « À la Grande Demoiselle. » Le dimanche, la boutique se transformait insensiblement en auberge, car les amis de Suzy en amenaient d'autres, et le pique-nique s'organisait de lui-même au milieu d'une forte camaraderie, que rehaussaient encore des chansons de matelots. Une fille très jolie, accorte et fine, Line, dirigeait admirablement ce relais galant et tenait lieu de dépensière, d'économe, de caviste et de cuisinière. De là à fonder un bar « comme les autres » il n'y avait qu'un pas. On leur dénicha un coin charmant, qui n'était autre que l'ancienne boîte Pizella. Suzy et Line, qui ont de la lecture, voulurent appeler l'établissement : « l'Amant de Lady Chatterley », mais on leur fit remarquer que leurs invitées, qui préféraient lire le bouquin et n’en pas parler, allaient faire la petite bouche. Quelqu'un qui a le sens des mises en pages, leur proposa tout simplement « la Vie Parisienne », et il ne se trompait pas, car ce titre, qui évoque Offenbach, le prince de Sagan, Boni de Castellane, Émilienne d'Alençon, Liane de Pougy, ne devait pas tarder à faire accourir rue Sainte-Anne les noctambules les plus huppés de Paris, à commencer par Van Dongen, qui fit le portrait de Suzy, […]."

Léon-Paul Fargue, Le piéton de Paris

Kees Van Dongen, Portrait de Suzy Solidor, 1927

On reviendra peut-être un jour sur la fascinante personne qu'avait l'air d'être Suzy Solidor...



vendredi 22 septembre 2017

Equinoxe



Soirée d'adieu d'un été bleu. Le peuple des toits danse sans joie.

mercredi 20 septembre 2017

mardi 19 septembre 2017

René, Jean-Claude et Miles



"Le calme parfait du cimetière me surprit après l'agitation du petit restaurant. On franchissait un mur et la fièvre de la ville laissait place à un immense jardin. Mille touches de couleurs respiraient sous un limpide ciel de septembre. Personne dans ces larges allées qu'un employé arrosait en sifflotant.
En grimpant vers le crématorium, je me souvins d'une matinée semblable à celle-ci, paisible et bleue. Nous avions accompagné Jean-Claude, notre ami, jusqu'aux portes de l'éternité. Pendant que son corps brûlait nous avions écouté la trompette de Miles Davis, lointaine, mélancolique, et cette mélodie ressemblait à tous les personnages de Total Khéops et à cette ville qui étaient sortis de son cœur. Instant inoubliable. Inoubliable ami."

* * *

 "Il introduisit un CD dans le lecteur.
– Tu aimes le jazz ? me demanda-t-il.
– J'en écoute peu.
– Si tu n'aimes pas ce morceau, c'est que tu as une pierre à la place du cœur. Il m'arrive de pleurer en l'écoutant.
– Qu'est-ce que c'est ?
So What. Trompette, Miles Davis. Sax ténor, Coltrane. Drums, DeJohnette. Contrebasse, Gary Peacock. Et au clavier, Herbie Hancock. Enregistré dans un caboulot de Pittsburgh dans les années soixante.
Cette voiture luxueuse conduite par un truand, l'évasion rocambolesque que nous préparions, ce morceau de jazz sous les lumières d'Avignon, j'avais l'impression d'être un acteur dans un film de Melville. Si le cinéma n’existait pas il y aurait beaucoup moins de voyous, pensais-je. Qui s'intéresse aux plombiers ?"




lundi 18 septembre 2017

lundi 11 septembre 2017

Pluie sur Santiago




Il a plu sur Santiago, ce 13 juillet 2017, comme 43 ans, 10 mois et 2 jours auparavant, un certain 11 septembre 1973. Moments indispensables autour de la Moneda, tout comme au passionnant et très émouvant Musée de la Mémoire, consacré au coup d'état et aux sombres années de dictature qui ont suivi.





samedi 9 septembre 2017

A Viens



À Viens
j'ai cherché en vain la Place de la Rue
à Viens
tu n'es pas venu
et je me suis perdue.




jeudi 7 septembre 2017

Marcher dans la lumière




"Même si l'on me disait que je vais vivre mille ans, j'aurais encore peur de mourir. De ne plus voir jamais cette beauté. Ici, la beauté est partout.
Chaque jour je mets mes chaussures de marche dans le garage et je pars. Je marche dans la lumière, je regarde la lumière, j'avale la lumière, je traverse la lumière. Ma vue a commencé à baisser. Il reste autour de moi toute cette clarté, si blonde en ces après-midi d’hiver. J'avance vers la lumière dans la poussière, la boue, l'herbe de tous les chemins. L'un d’eux me conduira au royaume des ombres. Tant que je marche… Je connais chaque pierre des collines, les troncs pourris qui barrent les sentiers, les sonores éboulis, les combes luisantes de mousse. Je fais un pas, je suis ébloui. Je marche, j'ouvre les yeux, les bras, la bouche. Je vis. Chacun de mes muscles vit, chaque centimètre carré de ma peau. Je sens battre le sang dans mes épaules, mes cuisses, mes reins, il laboure mon ventre. J'avale toute cette beauté, elle illumine mon corps jusqu'à la pointe éblouie de chacun de mes nerfs."

René Frégni, Les vivants au prix des morts (Gallimard) 

mercredi 6 septembre 2017

mardi 5 septembre 2017

Marcel Thiry, 13 mars 1897 - 5 septembre 1977


La Serena, juillet 2017

in Usine à penser des choses tristes,
extrait de l'anthologie Tous les grands ports ont des jardins zoologiques
(collection La petite vermillon, Éditions La Table Ronde)

5 septembre 1977, cela fait donc 40 ans aujourd’hui que le poète belge Marcel Thiry a disparu.
Que faisais-je le 5 septembre 1977 ? Rentrée de 4ème, Rouen, collège Fontenelle...
Marcel Thiry, mort à 80 ans, était né un 13 mars, jour où il y a 14 ans déjà une personne qui m’était très chère s’éteignait.
Les dates, toujours les dates...