Dis-moi, ma vie,
le long des corniches, sur les terrasses
Quel somnambule allait vers toi ? Qui t'appelait
dans le grand noir des nuits solaires
dans les étoiles chevauchées
Dans les prisons du temps perdu ? Était-ce toi, était-ce moi
Ce « nous » éparpillé, ces poussières éparses
dans un rais de soleil, sur le cadran des jours
renouvelés sans fin et pareils ? T'ai-je vécue, ma vie
Ou bien me suis-je plu à te voir fugitive
rire et passer dans les miroirs, prise à tes robes et tes voix ?
Nous habitions dans des villages, sous des arbres
de grand soleil, de fêtes votives et de sorgues
où la folie se boit. Nous connaissions les aubes
qui changeaient chaque jour pour nous plaire. L'écume
nous roulait dans un flot sans visages. Dis-moi,
ma vie, retrouveras-tu les vieux ormeaux et les platanes
T'en iras-tu dans le delta, vers nos îles de hauts flamants
Tourneras-tu, les yeux bandés, la noria de ton temps sans traces
Et sous nos treilles de muscats
Serons-nous Un, rien qu'un instant ou bien perdus ?
Pierre Seghers, Dis-moi, ma vie (Editions Bruno Doucey)
Et aussi, dédié à cet autre poète qui l'on aime beaucoup ici, qui écrivit le vers célèbre, trop célèbre sans doute, Toi qui pâlis au nom de Vancouver (trop célèbre dans la mesure où il a pu masquer le reste de son œuvre remarquable):
Pierre Seghers, Dis-moi, ma vie (Editions Bruno Doucey) |
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