"Je me rappelle comme si c'était hier le moment où j'ai refermé la porte. Le souvenir de Baba et mon sac étaient mes seuls bagages. Je n'avais aucun endroit où aller. Je me souviens m'être demandé s'il était possible qu'une route ne finisse jamais. Alors j'ai décidé de commencer ainsi. Voir jusqu'où la route irait. Cela me semblait un bon début."
"Nous marchons pendant des heures et des heures, frappés par le couvercle en fonte du ciel. Et puis, au détour d'un chemin, nous la voyons. La mer a son manteau de cobalt et le soleil fait rôtir sa cuirasse étoilée. Nous savons que notre voyage s'arrêtera là, au milieu des étoiles du jour, là où finissent de brûler les amours impossibles.
Ni Igor ni moi ne prononçons le moindre mot, nos yeux fixés sur cet horizon tracé par sa propre infinité, sans arbre ni montagne pour le circonscrire. Nos yeux aimantés à cette ligne infinie, par-delà le ciel, la terre et la mer, ruban de couleur mouvante, tantôt bleu, gris ou orangé, confins des nuages, du jour et de la nuit, qui se révèle à nous comme l'ultime destination, celle du dernier voyage. Celui que l'on fait seul."
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