Je n'ai pas souvenir que ma maman ait chanté ça quand j'étais petite. Mais elle aurait pu. Oui, elle aurait très bien pu.
jeudi 30 octobre 2014
Tu parles trop, Mathias, il faut chanter
Je n'ai pas souvenir que ma maman ait chanté ça quand j'étais petite. Mais elle aurait pu. Oui, elle aurait très bien pu.
mercredi 29 octobre 2014
lundi 27 octobre 2014
Un grand verre de mémoire
"Je m'esquive sans bouger. Je bois à la santé d'images, de chansons, d'automnes où j'ai découvert un signe - mais lequel ? Je bois pour me givrer, pour que se brise le cristal - parfois c'est une vitre abominablement souillée - qui me sépare de fêtes anciennes. Un grand verre de mémoire.
« Vous vivez toujours deux fois, n'est-ce pas ? »
La main de monsieur Petitfils s'est posée sur mon épaule, et je sursaute.
« Pardon ?
- Je connais ce genre de sport et je le pratique moi-même depuis longtemps. »"
* * *
"On songe avec nostalgie et avidité à quelque splendide désordre, capable de ranimer le chant et de ressusciter les puissances vraies du langage. Je relisais ces jours-ci un merveilleux ouvrage d'André Hardellet : Lourdes, lentes... paru chez Pauvert il y a quatre ans et signé Stève Masson, un pseudonyme qui n'en est pas un puisque ainsi se nomme le héros d'un précédent livre d'André Hardellet : Le Seuil du jardin, dont s'enchantait André Breton et dont on fit un film. Lourdes, lentes... est un chef d’œuvre de la poésie. La femme y est un paysage : elle est saveur, touffeur, odeur. Tout cela s'exprime au plus juste, avec une pudeur exemplaire du sentiment. Eh bien, ces pages si sensibles et si belles méritent à l'auteur de passer devant la 17e chambre correctionnelle, entre un exhibitionniste et une clandestine. Ah, mais c'est que nous avons fait des progrès, par rapport au Second Empire et à l'ordre moral, ces périodes molles... [...]
J'enrage, c'est vrai. Je vois partout en action l'hypocrisie confortable et rusée. Et je sais bien, moi, pourquoi la poésie gêne tant de nantis de tous bords : c'est qu’elle témoigne pour l'impatience, et que l'impatience est la plus terrible des vertus. Elle veut le corps pour le corps. Elle exige le temps de vivre - qui est aujourd'hui, du temps perdu. Elle réclame l'univers entier, avec ses pluies et son soleil, ses femmes de toutes les couleurs et ses animaux géants. Elle proclame l'être - ce qui est ruineux. Vous ne vous êtes pas trompé : elle est votre ennemie. La plus implacable et la plus dangereuse, même si elle est désarmée et dérisoire. Il restera toujours un poème, fût-ce au dernier jour du monde."
Hubert Juin, Le Figaro, 20-22 avril 1973
"[...] De quoi peut-on vous déclarer coupable ? De bien écrire ? [...] n'ont-ils pas compris, en lisant ce texte, qu'ils avaient affaire à un écrivain, un vrai, et à un poète ? [...]
Mon cher Hardellet, vous aimez l'amour : voilà votre crime. Vous en serez puni. Car vous êtes poète, mon pauvre vieux, c'est-à-dire con et criminel.
Je vous embrasse."
Jean-Louis Bory, lettre à André Hardellet, 25 avril 1973
"Pour avoir, il y a quelques années, dans Lourdes, lentes..., évoqué "le vert paradis des amours enfantines", pour avoir rêvé au long des jardins de Londres et dans les couloirs de l'hôtel Victoria à Amsterdam, pour avoir voulu se souvenir, rêver, et écrire un beau livre d'amour, M. André Hardellet vient d'être condamné à 2 000 F d'amende et à la destruction de son livre. Il en est ainsi, dans la France de 1973, où les juges ne semblent guère avoir acquis le sens du ridicule. [...]
M. André Hardellet est l'un de ces écrivains dont nous avons plus que jamais besoin. Dans la lignée de Nerval et de George Du Maurier, de Lewis Carroll et de l'auteur inconnu de Madame Solario, il nous initie au rêve, il nous accompagne de l'autre côté du miroir. Il nous découvre la réalité des choses, c'est-à-dire leurs secrets [...] Avec M. Hardellet la poésie devient, selon le mot de Novalis, le « réel absolu »."
Bernard Delvaille, Combat, 14 novembre 1973
dimanche 26 octobre 2014
On appelle ça un livre
"Mais de toutes ces femmes qui ont traversé sa vie, il restera tout de même quelque chose, une trace, un témoignage, un objet rectangulaire, 320 pages brochées. On appelle ça un livre."
L'Homme qui aimait les femmes, François Truffaut, dernières phrases du film
samedi 25 octobre 2014
mardi 21 octobre 2014
Trente ans
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lundi 20 octobre 2014
Solitude (7) - Comme si tout était encore possible
42, rue de l'Arcade - octobre 2014 |
« Vous connaissez la rue de l'Arcade ? demanda l'autre. Nous pourrions nous retrouver dans un café. Au 42, rue de l'Arcade. »
Daragane nota l'adresse. Il reprit son souffle et dit :
« Très bien, monsieur. Au 42, rue de l'Arcade, demain, à cinq heures du soir. »
Puis il raccrocha sans attendre la réponse de son interlocuteur. Il regretta aussitôt de s'être comporté de manière aussi brutale, mais il mit cela au compte de la chaleur qui pesait sur Paris depuis quelques jours, une chaleur inhabituelle pour le mois de septembre. Elle renforçait sa solitude. Elle l'obligeait à rester enfermé dans cette chambre jusqu'au coucher du soleil. Et puis, le téléphone n'avait plus sonné depuis des mois."
* * *
"Il avait souvent rêvé, au creux de certains après-midi de solitude, que le téléphone sonnerait et qu’une voix douce lui donnerait rendez-vous. Il se rappelait le titre d’un roman qu’il avait lu : Le Temps des rencontres. Peut-être ce temps-là n’était-il pas encore fini pour lui."
* * *
"Quelle drôle d'idée, ce rendez-vous avec un inconnu, lui qui n'avait vu personne depuis trois mois et qui ne s'en portait pas plus mal... Au contraire. Dans cette solitude, il ne s'était jamais senti aussi léger, avec de curieux moments d'exaltation le matin ou le soir, comme si tout était encore possible et que, selon le titre du vieux film, l'aventure était au coin de la rue... Jamais, même durant les étés de sa jeunesse, la vie ne lui avait paru aussi dénuée de pesanteur que depuis le début de cet été-là. Mais l'été, tout est en suspens - une saison "métaphysique", lui disait jadis son professeur de philosophie, Maurice Caveing. C'est drôle, il se rappelait le nom "Caveing" et il ne savait plus qui était de Torstel."
* * *
" « Vous me donniez des conseils de lecture, vous vous souvenez ? »
Il s'efforçait de prendre une voix émue. Et c'était vrai, après tout, que ce fantôme lui avait offert, quand il était enfant, les Fables de La Fontaine dans la collection à couverture pâle des Classiques Hachette. Et quelque temps plus tard, le même homme lui avait conseillé de lire Fabrizio Lupo quand il serait grand.
« Décidément, vous avez beaucoup de mémoire... »
Le ton s'était radouci, et Perrin de Lara lui souriait. Mais ce sourire était un peu crispé. Il se pencha vers Daragane :
« Je vais vous dire... Je ne reconnais plus le Paris où j'ai vécu... Il a suffi de cinq ans d'absence... j'ai l'impression d'être dans une ville étrangère... »
Il serrait les mâchoires comme pour empêcher les mots de sortir de sa bouche dans un flot désordonné. Sans doute n'avait-il parlé à personne depuis longtemps.
« Les gens ne répondent plus au téléphone... Je ne sais pas s'ils sont encore vivants, s'ils m'ont oublié, ou s'ils n'ont plus le temps de prendre une communication...»
Le sourire était devenu plus large, le regard plus tendre. Peut-être voulait-il atténuer la tristesse de ses paroles, une tristesse qui s'accordait bien à la terrasse déserte où l'éclairage laissait des zones de pénombre."
samedi 18 octobre 2014
Le jour où...(10)
Le jour où, sous un ciel de fin du monde, j'ai lu sur l'enseigne lumineuse d'une sorte de magasin entrepôt
de sortie de ville "POÈTES ANTIQUES", je n'ai pas été plus étonnée que ça, et il m'a fallu plusieurs secondes pour revenir à la réalité et me rendre compte qu'il était en fait inscrit "PORTES ANTIQUES".
jeudi 16 octobre 2014
Une carte postale de Rome
"Il resta longtemps immobile, très droit, les bras croisés. Il ne vit personne dans la rue. Aucune voiture ne passait. S'il avait ouvert la fenêtre, il aurait entendu le murmure de la fontaine et il se serait demandé s'il n'était pas à Rome plutôt qu'à Paris. Rome, d'où il avait reçu autrefois une carte postale d'Annie Astrand, le dernier signe de vie qu'elle lui ait donné."
Patrick Modiano, Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier
mercredi 15 octobre 2014
Au revoir, Léna
"Marie Dubois n'est ni une souris ni une pépée, elle n'est ni piquante ni mutine, mais c'est une jeune fille pure et digne dont il est vraisemblable qu'on puisse tomber amoureux et être payé de retour. On ne se retournerait pas sur elle dans la rue, mais elle est fraîche et gracieuse, un peu garçonne et très enfantine. Elle est véhémente et passionnée, pudique et tendre."
François Truffaut, dans le dossier de presse de Tirez sur le pianiste
C'est François Truffaut qui a trouvé, en référence au roman Marie Dubois de Jacques Audiberti, son nom d'actrice à la jeune Claudine Huzé, à qui il confie le rôle de Léna dans Tirez sur le pianiste, et dont il restera proche toute sa vie.
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lundi 13 octobre 2014
jeudi 9 octobre 2014
La Noblesse Modiano
Tout à la joie de voir un de mes (deux) écrivains préférés recevoir aujourd'hui le Prix Nobel de Littérature, je ne résiste pas à la tentation, juste pour le plaisir, de republier ICI les billets évoquant Patrick Modiano que j'ai publiés depuis les quelque dix-huit mois que je tiens ce blog.
Et tout à la joie aussi de savoir que d'ici une heure environ je récupérerai à la Librairie Charybde Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier, que justement (hasard objectif ?), j'avais fait mettre de côté pour aujourd'hui.
Bravo, Monsieur Modiano, toutes les félicitations d'une lectrice fidèle et admirative !
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mercredi 8 octobre 2014
24 heures sur 24
- Alors, ça va ?
- Oui, très bien. Il y a des bibliothèques partout. Et la Bodleian c'est la deuxième plus grande d'Angleterre, c'est fou tout ce qu'on y trouve, trop bien.
- Ah, super.
- Oui, et celle de Brasenose, mon College, est ouverte 24 heures sur 24, c'est génial.
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