Santiago, depuis le Cierro San Cristobal, juillet 2017 |
"Au sommet de la colline San Cristobal ils se sentirent joyeusement seuls. Cent mètres plus bas les pentes de la colline disparaissaient dans des nuages de gaz qui recouvraient tout. Ils savaient que par là, plus bas il y avait le zoo, l’œnothèque, les jardins du quartier Bellavista, la ville triste et grise du mois d'août.
– J'aime cet endroit, dit l'inspecteur.
– Moi aussi. J'y viens dès que je peux. J'imagine qu'un grand vent va soudain souffler du Pacifique, qu'il emportera le nuage de smog, et qu'en redescendant je trouverai la ville que j'ai perdue en 73, avoua Anita en épluchant une orange.
– Eh bien. Toi aussi tu fais partie de la bande des perdants.
– Et j'ai beaucoup perdu. Un compagnon par exemple. Il s'appelait Moïse Panquilef, mapuche comme toi."
Luis Sepúlveda, Journal d'un tueur sentimental et autres histoires.