samedi 10 août 2013
Comme un effet de vie
"Chose infiniment rare et touchante, le film est entré en nous de partout, pas comme un tableau, même sublime, mais comme un effet de vie, son souvenir est autour et dedans, pas seulement devant le regard. Il me semble aussi que l'habituel "resserrage" réservé aux films trop longs reste ici du vrai montage, comme une ultime répétition d'orchestre ; pas une longueur à enlever, mais le vrai rythme atteint. Heureusement que vous êtes entré plus tard que les autres dans l'ordre, puisque vous entrez plus tôt dans le beau, le calme et le voluptueux.
Mon cher Maurice, votre film est étonnant, tout à fait étonnant ; bien au-delà de l'horizon cinématographique couvert jusqu'ici par notre misérable regard. Votre œil est un grand cœur qui envoie la caméra courir les filles, les garçons, les espaces, les temps et les couleurs, comme d'enfantines bouffées de sang. L'ensemble est prodigieux ; les détails, des éclairs dans ce prodige ; on voit le grand ciel tomber et s'élever de cette pauvre et simple terre. Soyez remerciés, vous et les vôtres, de cette réussite, chaude, incomparable, frémissante. Cordialement à vous.
Jean-Luc Godard"
Cette magnifique lettre d'un maître à l'autre, adressée à Maurice Pialat en 1991 lors de la sortie de son "Van Gogh", était présentée dans la belle exposition que la Cinémathèque vient de consacrer à Pialat.
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