Et aussi le plaisir, comme pour un Rivage des Syrtes ou un Château d’Argol, de couper les pages avant de lire… |
« Quand j’entends Mastroianni – avec cette voix plus
basse, plus grasse, plus grenue que ce qu’induit son apparence physique assez
fragile de séducteur un peu trop beau (l’avatar d’après-guerre et non gominé de
Rudolf Valentino) – répondre auto-ironiquement à son ami hospitalisé qui lui
prédit que son dernier roman aura du succès : "Ho proprio il dubbio di finire male" (Je sens que je vais
finir mal), ou Monica Vitti soupirer à la fin de la nuit, de sa voix un peu
rauque, à Giovanni et Lidia (Marcello Mastroianni et Jeanne Moreau) quelque
chose comme "Me avete tutta
distrutta voi due, stanotte !" (Vous m’avez anéantie tous les
deux, cette nuit !), comment ne tomberais-je pas amoureux de la langue
italienne, comment, en tous cas, ne serais-je pas fasciné par l’irréductible
spécificité rythmique et vocale de ces phrases dont les sous-titres me livrent
la signification mais, surtout, dont la VO me restitue l’épaisseur
signifiante ? »
Dominique Noguez, Ce que le cinéma nous donne à désirer – Où
l’on passe au Japon une nuit avec La Notte et les clartés qui s’ensuivent
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