samedi 22 mars 2014

Conjuguer les cartes postales, plaisir du temps


"Et tout faisait carte postale". La formule était magnifique à l'imparfait, qui se révélait décidément le temps des cartes postales. "Je retrouvais la plage, je mangeais une glace et j'étais heureux avec la mer" ; "La montagne était belle, le soleil tiède, la neige mouillée, et je pensais à toi" ; "Nous roulions vers le sud, l'automne rougissait de bonheur et la terre nous racontait des histoires."
"Et tout faisait carte postale". Cette perfection de l'imparfait. Cela dit, ruminait-il dans les profondeurs de son rêve, le passé simple pouvait lui aussi faire son petit effet : "Et tout fit carte postale". On pouvait également oser le présent du subjonctif : "Et que tout fasse carte postale." Ou le conditionnel présent. "Et tout ferait carte postale". Pas mal, le conditionnel. Ainsi la carte postale laissait-elle entendre à son destinataire qu'il manquait quelqu'un : lui. "Nous roulerions vers le sud, l'automne rougirait de bonheur et la terre nous raconterait des histoires."

Sébastien Lapaque, "Théorie de la carte postale"

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